Un roman tourné comme un long témoignage, voilà de quoi faire craindre au lecteur une certaine distanciation...et pourtant !
Parce que l'on a ici affaire au récit d'une vie, oui, mais d'une vie racontant en plus de la sienne, celles de personnes plus grandes (ou non) qu'elle aura eu l'occasion de côtoyer longuement ou de simplement croiser. De fait, comme une certaine mélancolie se lit parfois entre les lignes, quand bien même le récit va toujours de l'avant dans sa volonté de raconter.
Avec son héros et narrateur, Claire Duvivier sait rendre son texte vivant pour des événements déjà passés et trouve de quoi dynamiser le récit de temps à autre lorsque Liesse s'adresse à son mystérieux interlocuteur pour déjouer ses attentes, tout comme au lecteur que nous sommes, qui, lui, ne sait pas à quoi s'attendre...
Dans les points négatifs, les noms peuvent poser problèmes par moment pour retrouver qui est qui, et lequel de ses noms tel personnage utilise-t-il pour s'adresser à tel autre. Rien pour empêcher la lecture mais cela peut donner l'impression de personnages secondaires interchangeables par moment.
Le fait que tout se déroule et soit raconté à échelle humaine est l'un des grands points forts de ce premier roman. Un premier roman d'ailleurs étrange à décrire, capable de surprendre dans les directions qu'il prend, capable de cacher bien des histoires à l'intérieur de son histoire. L'action laisse place au ressenti, aux sentiments, aux réactions humaines bonnes comme mauvaises, au cours du temps également.
Une lecture agréable, sans tambour ni trompette, et qui n'a d'ailleurs pas besoin de cela pour s'imposer à sa manière pour qui se prend au jeu...
— Nephtys