Après la Science-Fiction et le Fantastique, Léo Henry, nommé au prix Elbakin.net l'an dernier pour L'Autre côté chez Rivages (un autre texte relativement court, comme dans le cas présent), revient chez Folio SF en revisitant cette fois la fantasy. Et comme souvent avec l'auteur, il le fait avec une bonne dose de malice ! Dans le bon sens du terme, bien entendu.
Au premier abord, cette histoire narrée au présent de l'indicatif a tout d'une quête plutôt banale tournant autour d'une question de succession, dans un univers épique mais assez "générique" lui aussi. On peut même avoir l'impression de tomber dans le cliché le plus encroûté.
Et puis, par toutes touches, le temps fait son oeuvre. Quête intime avant tout, Thecel mise principalement - et à raison d'ailleurs - sur une patte d'écriture imagée et presque musicale par moments, soutenue par la structure même de l'univers déployé, vite immersif. On s'en doutait, on l'a déjà dit, mais l'auteur est malin. Certes, mais pas que : les personnages prennent corps avec vivacité, Moïra en tête, du fait notamment de son destin en péril.
A ce titre, d'autres ont pu le souligner, mais la quatrième de couverture est à double-tranchant : elle préserve le "mystère" mais donne l'impression justement d'avoir affaire à un roman de fantasy vu et revu. Espérons que le lectorat saura aller au-delà des apparences ici ; au-delà des ingrédients de base qui se retrouvent dans ce creuset, il ne faut pas oublier l'importance de la maîtrise et de la sensibilité de celui qui se cache dans l'ombre de ces mots...
Car s'il ne révolutionne pas le genre (mais qui le fait ?) ou n'est sans doute pas aussi marquant qu'un Hildegarde du même auteur, ce Thecel constitue une lecture dont la parution en inédit directement en poche ne peut que s'apprécier à sa juste valeur.
— Gillossen