Sur Elbakin.net, on connaît Adrian Tchaikosky depuis plus de dix ans, mine de rien. Et en dix ans, l'auteur, découvert pour son cycle de fantasy original Shadows of the Apt, a su se faire une place et un nom dans le paysage SFF, essentiellement en basculant du côté de la SF et surtout en tenant un rythme d'écriture/publication digne d'un Brandon Sanderson, pour ne pas dire supérieur. C'est bien simple, on peut se demander si l'auteur est humain !
Avec Made Things, une "simple" novella, le voilà qui fait son retour à la fantasy. Est-ce que ce format, justement, a pu lui poser problème ? Par moments, on se dit en effet que certaines sections de l'intrigue auraient pu se voir développées davantage. On ne peut pas dire que le tout semble escamoté, évidemment, mais quelques transitions paraissent un peu abruptes.
Pas de quoi bouder notre plaisir pour autant, certes, mais cette impression contribue à forger notre opinion : on se retrouve face à un texte souvent (très) sympathique mais qui ne creuse pas toujours très profondément la matière que l'on sent sous-jacente. Il faut donc faire avec.
Made Things mise ainsi avant tout sur ses personnages et son cadre, dans les deux cas rafraîchissants. Il y a bien sûr un petit aspect conte, le tout se lisant toutefois comme une histoire de fantasy épique, portée par une certaine dose d'humour et de détournements des clichés du genre, ce qui ne l'empêche pas d'aborder des questions parfois plus sombres, notamment quant au sort et autres statuts sociaux de certains protagonistes.
En fait, la place de la magie, des intrigues et autres coups fourrés entre personnages (la pègre est de sortie) sont ici abordées avec allant et, très vite, l'envie de les retrouver plus tard, dans un autre récit, nous gagne. Mais voilà, cette histoire-ci, efficace, ne dispose pas de quoi retenir bien longtemps notre intérêt, néanmoins titillé. Il faut dire que l'auteur sait mener sa barque et plonger le lecteur au cœur d'un cadre bouillonnant.
Made Things constitue une lecture dépaysante et parfois enlevée, peuplée de petites créatures tout autant que de personnages plus grands que nature, mais un récit qui pêche par cette sensation de trop peu qui vient vite nous trotter dans la tête.
Il ne tient cela dit qu'à l'auteur de revenir à cet univers avec quelque chose de plus consistant !
— Gillossen