Avec Une Cosmologie de monstres, attention : pas de Grands Anciens en majesté.
Mais le roman de Shaun Hamill va par ailleurs bien plus loin, dans son étude d'une famille en décrépitude, pour ne pas en décomposition, avec, tout de même, en arrière-plan, une bonne dose de Lovecraft, certes. Et oui, le maître de Providence est loin d'être absent pour autant. Le récit alterne tranches de vie et moments de chair de poule, réussis, mais assez classiques dans leurs mises en scène, à l'image des premiers passages de cet ordre.
Il faut dire que le style de l'auteur, sans fioritures, cherche avant tout l'efficacité. Sans être fade, il ne se distingue pas particulièrement non plus par son sens des dialogues, par exemple. Il est ainsi dommage que la phrase la plus forte de tout le roman soit sans doute la première. Les passages de "bascule" (pour ne pas spoiler) se révèlent plus aboutis, notamment dans leur démesure, mais pas autant que les interactions familiales, ces liens qui sont au cœur même du livre. Pas facile en effet de grandir au sein d'une telle famille, avec bon nombre de secrets, sans parler des siens.
Dans sa seconde moitié, l'histoire devient même touchante, tout simplement, et beaucoup moins "clinique" dans son étude des sentiments. Nous sommes là face à un Fantastique moins porté sur "l'horreur" qu'un American Elsewhere, et sans doute plus tourné sur un travail d'ambiance, souvent angoissante. Solide, efficace et bien mené, servi par des intentions claires, Une Cosmologie de monstres, s'il n'est peut-être pas aussi "coup de poing" que d'autres titres déjà publiés dans cette collection n'en demeure pas moins une lecture plus qu'appréciable et que l'on recommandera volontiers aux amateurs... de Stephen King.
Entre autres !
— Gillossen