Le second tome reprend directement les aventures de nos héros de Démonie, sur Mercure, là où l’auteur les avait laissés en plus ou moins fâcheuse posture.
Sans temps morts superflus, E.R. Eddison relance sa trame narrative en faisant traverser moult péripéties à ses personnages, opposés au Roi de Sorcerie dans un affrontement spectaculaire et mortel. La galerie de personnages s’agrandit avec des personnages très intéressants, plus nuancés, comme le tourmenté messire Gro, qui se révèle être le plus humain de tous ces héros surpuissants.
Les intrigues personnelles et géopolitiques se dénouent petit à petit avec maîtrise et un réel sens du spectacle, jusqu’à une fin douce amère surprenante qui s’avère être cohérente avec l’ensemble de ce récit ambitieux, à cheval entre l’héroïc fantasy et la fantasy épique.
Le caractère outrancier de certains événements et les caractères archétypaux des héros peuvent prêter à sourire par moment, et de même certains passages représentent un intérêt limité. Mais ces quelques défauts n’empêchent pas l’auteur de suspendre l’incrédulité de son lecteur dés les premières pages et de le plonger dans une ambiance mélancolique immersive qui caractérise le Serpent d’Ouroboros. Le ton délicieusement désuet, les phrases ampoulées et la tendance à l’hyperbole dans l’action et les descriptions ne sont d’ailleurs pas sans rappeler les anciennes chansons de Geste que l’auteur revisite à sa manière.
La lecture du deuxième tome de ce diptyque qui a influencé de nombreux auteurs du genre confirme la bonne impression initiale. L’éditeur Callidor encore une fois ne s’est pas trompé dans le choix de ses « classiques » de la fantasy à réhabiliter en France.
— Belgarion