Shagan et Junia sont de retour pour de nouvelles aventures. Après une intégrale parue en 2016, Serge Brussolo nous livre un nouveau récit des pérégrinations de ses deux héros atypiques. Celles-ci font suite à la chute du Roi Squelette, vaincu par notre géante favorite et son ami cul-de-jatte et fort en gueule. Ils sont cette fois plongés dans les abysses du monde, suite à un siège ayant mal tourné pour eux.
On retrouve ici tout ce qui fait les qualités des récits de Serge Brussolo : des héros « simples » et attachants, de l’action sans fioritures, une intrigue facile à comprendre mais bien menée, des références nombreuses à l’Antiquité (notamment grecque et romaine). Le personnage de Jarak, l’antagoniste principal du récit, se révèle plus complexe que de prime abord, ce qui renforce l’intrigue.
Les détracteurs de Brussolo trouveront cependant dans ce livre de quoi apporter de l’eau à leur moulin. En effet, si « Les ombres du Roi-Squelette » fait étalage des forces de l’auteur, il met aussi en exergue ses faiblesses : des deus ex-machina un peu trop présents, des personnages secondaires parfois fades ou transparents : hormis Jôme le Noir et le lion-philosophe Artus, ils ne restent pas assez longtemps sur le devant de la scène pour que l’on s’attache à eux, voir seulement qu’on s’y intéresse. Leur fonction utilitaire est quelque fois criante. Enfin, l’histoire reste rythmée par des bornes très classiques : découverte d’un endroit, péripéties, résolution, nouvel endroit.
Les fans de Brussolo liront ce roman d’aventures avec plaisir, car il recèle des qualités certaines. Les autres, amateurs de Conan et de récits d’aventures enlevés, pourraient se laisser tenter, d’autant plus qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lu les précédentes aventures de Shagan et Junia pour comprendre ce récit. Mais si vous êtes en quête d’un récit aux différents niveaux de lecture, un univers très riche et cohérent et des personnages creusés, passez votre chemin : ici les esprits des morts se réincarnent dans des lions des cavernes, les ombres se rebellent contre leur propriétaire et le grand méchant est drogué à la poudre de squelette. Ca peut plaire, ou non, en fonction de vos attentes.
« Les ombres du Roi-Squelette » nous montre une nouvelle fois les qualités de Serge Brussolo comme écrivain populaire, mais demeure un récit brussolien somme toute classique, avec ses qualités et ses défauts qui font qu’il n’est pas à mettre entre toutes les mains au risque d’aller au-devant d’une grande déception.
— gilthanas