Le Verrou du fleuve promettait un affrontement apocalyptique pour le tome suivant, et force est de constater qu’avec la fureur de la terre Lionel Davoust a tenu parole en relatant le siège de Loered. Au fil des pages, emplies de sang et de fureur, la pression augmente proportionnellement aux assauts des enfants d’Aska, rendant de plus en plus improbable la victoire des weristes et de leur égérie, Mériane la messagère du ciel. Cette dernière ne ménage pas ses efforts et évolue fortement dans ce tome, s’imposant de plus en plus à son corps défendant comme une machine de guerre, implacable de puissance. Les descriptions de combat sont particulièrement bien traitées.
Parallèlement la narration, avec beaucoup de psychologie, nous fait pleinement ressentir la peur, le désespoir et la maladie qui imprègnent le quotidien des défenseurs de la cité. Cet environnement de fin du monde propre, aux sièges de villes au bord de l’anéantissement, rappelle notamment la trilogie du Sénéchal de Grégory Da Rosa, mais Lionel Davoust apporte une dimension plus globale au récit en alternant les points de vue. Certes, tous ne sont pas aussi intéressants à suivre, mais chacun est nécessaire pour faire avancer le récit. La description du point de vue de certains enfants d’Aska renforce ainsi la complexité des causes du conflit et instaure un contraste bienvenu dans la narration, en s’attachant à expliquer leur motivation tout en mettant en valeur certains points de rapprochement entre Aska et Wer.
L’auteur développe également d’autres axes de narration qui limitent les risques de monotonie et ravivent notre intérêt pour la quête désespérée de renforts du prince Erwel ou encore la situation de la régente Isara qui se débat dans les rets d’une société résolument patriarcale.
Enfin, ce tome nous permet aussi de percer certains aspects des mystères de ce monde très riche afin d’essayer de comprendre les raisons de la Chute du tout puissant empire d’Asrethia. Savamment distillés au fil des 6 volumes qui s’inscrivent dans ce même univers, les indices révèlent progressivement une trame narrative et historique complexe, passionnante et d’une rare puissance qui s’étend sur des siècles. Il s’agit indéniablement d’un des principaux points forts de l’histoire.
La saga des Dieux sauvages avec ce troisième tome conforte son statut d’œuvre maîtresse dans la fantasy épique à la française et promet d’ores et déjà une suite qui s’annonce passionnante.
— Belgarion