Miranda in Milan est un objet littéraire assez peu conventionnel, puisqu'il n'hésite pas à aller chasser sur les plate-bandes du grand William Shakespeare, ni plus ni moins. En effet, le premier roman de Katharine Duckett "prolonge" La Tempête.
Et commençons tout de suite par un bémol : si vous ne connaissez pas la pièce (ou n'en conservez qu'un très vague souvenir), ne comptez pas sur des rappels. L'autrice nous laisse en rase campagne sur ce point et c'est tout de même dommage, car certains des lecteurs, intrigués, risquent de se retrouver fort dépourvus malgré leurs bonnes intentions de départ, ou leur curiosité.
Les autres points négatifs sont une relative lenteur (tout dépendra de vos attentes sur ce point) et un cadre finalement peu exploité, ce qui est dommage étant donné l'imagination vive de Katharine Duckett et ses choix narratifs, ma foi, quasiment tous payants, si l'on met de côté l'emploi de la figure de Ferdinand. On pense par exemple à un voyage entre Naples et Milan que l'on imaginait déjà rempli de dangers et de surprises et qui se retrouve tout bonnement escamoté. Les personnages, quant à eux, s'avèrent particulièrement vivants et un délice à suivre, pour le meilleur comme pour le pire.
Quelques touches d'horreur tendance gothique parsèment le tout et le style de l'autrice s'y prête à merveille, même si parfois, au détour d'une phrase, elle en fait un peu trop. Plusieurs passages sonnent tout de même un peu pompeux à nos oreilles, ce qui n'entache en rien l'ensemble, qui permet de se rendre compte, s'il le fallait encore, à quel point il existe bien des façons d'isoler les femmes et de les enfermer dans une tour de verre, presque littéralement parlant. Et le tour en sachant aller à l'essentiel.
Au bout du compte, il s'agit donc là d'une entrée en matière tout à fait consistante et façonnée avec une élégance certaine.
— Gillossen