Le Dernier Chant d'Orphée ne constitue pas forcément l'un des textes du géant Robert Silverberg les plus connus ou les plus aboutis, mais l'occasion de cette parution poche nous permet à tout le moins de le redécouvrir.
Le mythe d'Orphée ne date pas d'hier - attention, voici un scoop ! - mais il est ici repris et raconté avec un talent de conteur hors pair de la part de l'auteur. C'est donc un vrai plaisir de replonger dans une telle matière. Orphée est-il un narrateur fiable, en revanche ? Une chose est sûre, il n'apparaît pas sous un jour très sympathique... Quoi qu'il en soit, c'est bien dans ses pas que le lecteur va croiser nombre de figures tout aussi prestigieuses que ce dernier issues de la mythologie, à commencer par Jason ou Cerbère. Il faut l'avouer, ce genre de réécriture s'avère parfois un peu redondant ou un simple copier/coller d'histoires déjà connues. Silverberg nous évite cette sensation ici, la plupart du temps.
On sent que l'auteur s'amuse beaucoup avec le personnage d'Orphée, sans pour autant lui renier une part de tragique, bien évidemment. Il se livre à d'intéressantes réflexions sur la musique par exemple, et à travers elle sur l'univers tout entier au passage. Le mythe d'Orphée, vous le connaissez : c'est une histoire de folie, de sang, de douleur, de beauté. Cette dimension est préservée.
Mais si l'on reste loin de l'ambition d'un Gilgamesh roi d'Ourouk (mais comment l'atteindre en si peu de pages ?), ce texte, complété notamment par un entretien, n'en demeure pas moins tout à fait recommandable, pour les amateurs de Silverberg ou celles et ceux que la mythologie fascinent.
— Gillossen