Depuis quelques années, les Indés de l'Imaginaire nous présentent en janvier/février leurs pépites annuelles, censées mettre l'accent sur de nouveaux venus parés de nombreuses qualités. Au-delà de ces intentions de principe, par le passé, nous avons eu droit à de bonnes mais aussi à de mauvaises surprises, il faut bien le dire.
Et La Forêt des araignées tristes, premier roman de Colin Heine, rejoint malheureusement la seconde catégorie.
Très vite, rien ne semble tout à fait fonctionner dans ce livre. Que ce soit du côté des personnages, à commencer par un "héros", Bastien, beaucoup trop naïf pour être attachant et des seconds rôles aux partitions souvent caricaturales et aux interventions parfois sorties de nulle part (on pense au protagoniste féminin le plus présent) ou de l'intrigue elle-même. Convenue, un peu trop simpliste, elle semble aussi chercher à adopter certains développements peut-être plus "politiques" histoire de se démarquer, sauf que ceux-ci ne sont basés sur rien de tangible au fil du récit. On nous dit beaucoup de choses, sans nous les faire vivre.
C'est peut-être aussi une question de style, pas désagréable en soi (en tout cas, pas au point de renoncer en cours de route à cause de lui), mais régulièrement maladroit. Le titre (ou la couverture) lui-même du roman donne d'ailleurs l'impression d'avoir été choisi sans réelle logique (parce qu'il faudrait le trouver poétique, peut-être ?), car ne cherchez pas beaucoup d'araignées dans cette histoire. Tout cela contribue à faire monter la frustration, sans jamais nous marquer par d'autres biais.
Bref, La Forêt des araignées tristes constitue un vrai rendez-vous manqué, qui frappe par son déséquilibre global. Le roman aurait sans doute beaucoup gagné à ne pas constamment danser d'un pied sur l'autre, car si son univers steampunk vaporeux n'est pas inintéressant, loin de là, le tout est bien trop léger pour se voir classé dans la catégorie des lectures satisfaisantes.
Difficile donc de vous le conseiller.
— Goldberry