Olangar est une série en deux volumes de Clément Bouhélier aux éditions Critic (le second arrive en librairies le 6 septembre).
Les deux ouvrages forment un seul et même récit, remarquable en premier lieu par son cadre, frappant le lecteur dès les premières pages. Si ces dernières décennies ont vues la parution de romans de fantasy se déroulant en d'autres époques que l'Antiquité ou le Moyen Âge rares sont ceux qui, tels les derniers titres du Disque-Monde, abordent la révolution industrielle. Nains, hommes, elfes et orcs, races ô combien classiques de la Fantasy, côtoient ici usines, équivalent du charbon et chemins de fer.
Le lecteur est ainsi entraîné dans les lieux emblématiques de la période, des fonderies aux docks, des quartiers ouvriers aux demeures bourgeoises. Loin d'être un simple élément de décor plaqué en arrière-plan du récit cette révolution industrielle en est un acteur principal par les problématiques qu'elle soulève.
En cela, Clément Bouhélier se rapproche de thématiques abordées par China Mieville, inévitables dans toute ville industrielle se rapprochant de notre XIXème siècle. Il en va ainsi de la lutte des classes, des conflits qu'elle entraîne, de la misère et de l'espoir qui en découle et des tensions raciales qui s'y exacerbent ou s'y dissipent. Le résultat y est toutefois moins sombre et cynique que chez l'auteur du Concile de fer, bien que l'amertume y soit à la lecture inévitable. L'ensemble sert de cadre à une intrigue riche en péripéties et portée par un style enlevé, entraînant, sur fond d'intrigues politiques et de mystère se dévoilant peu à peu. La seconde partie du récit a par ailleurs le mérite d'apporter des éléments bienvenus, dont on pouvait craindre l'absence à la fin du premier volume et qui contribuent à en faire une œuvre intéressante et intelligente, se servant de l'époque industrielle pour jouer avec le genre.
Sans être inoubliables, les personnages sont attachants, ne serait-ce que par leur contexte, et bénéficient parfois de tirades savoureuses et bien choisies. L'auteur a la finesse de sortir des sentiers battus concernant plusieurs d'entre eux et ainsi d'éviter des destins convenus, frustrant parfois le lecteur mais n'en paraissant que plus juste. Si l'histoire y connaît une conclusion réussie, l'univers d'Olangar s'avère à la lecture riche en possibilités, pouvant donner matière à d'autres récits.
Son cadre original, à défaut d'être poétique ou réjouissant, contribue à en faire une œuvre rafraîchissante, divertissante et tout à fait recommandable.
— K