The Wolf, un titre aussi classique qu'évocateur, est un premier roman publié chez Orbit et signé Leo Carew, diplômé en anthropologie et spécialiste du Grand Nord. Sorti au printemps 2018, il fait partie de ces ouvrages remarqués mais pas forcément unanimement salués après quelques mois de chroniques diverses et variées accumulées.
Autant le dire tout de suite, The Wolf est un joyeux cocktail reprenant tous les ingrédients attendus de la fantasy épique, si l'on met de côté les elfes, dragons et autres races de ce genre. Carew se concentre sur les hommes, ou en tout cas, eux et une race humanoïde de géants du Nord, les Anakims, au coeur de l'intrigue qui prend place ici.
Après une mise en place efficace qui nous dépeint justement les différentes forces en présence, on serait tenté de dire que l'auteur semble parfois avoir eu les yeux plus gros sur le ventre, en nous offrant des questions politiques voire tactiques parfois un peu plates (d'autant que Roper, le leader des Anakims, ne semble pas toujours très bien savoir ce qu'il fait !), du moins, dans la façon dont les choses se déroulent. Il y a tout de même quelques longueurs au fil des pages et des schémas un peu trop récurrents, en particulier pour tout ce qui touche aux batailles. Cela dit, l'alternance entre les deux phases - manœuvres politiques puis leurs conséquences sur le champ de bataille - s'avère bien gérée, plus que le découpage du roman en trois parties, légèrement moins fluide.
Peut-être aurait-il fallu limiter la portée du conflit, car The Wolf n'est jamais aussi efficace - et prenant - que lorsqu'il resserre l'échelle de son histoire et qu'il se recentre sur ses personnages principaux. On penche naturellement pour les Anakims, d'autant que leur contexte s'avère vite plus complexe, une fois la mort de leur souverain avérée. C'est aussi une civilisation à la fois suffisamment proche et éloignée de nous pour jouer le rôle que l'on attend d'elle : apporter un certain "exotisme", tout en restant à même de nous offrir des points de repère. Les personnages féminins se distinguent également, Keturah en tête, avec un certain nombre de femmes fortes et déterminées agissant pour leur propre compte. Dans l'autre camp, Bellamus paraît vite agaçant, avant de gagner en profondeur. Il incarne en tout cas un adversaire tout à fait valable dans son duel à distance avec Roper.
Notons aussi que Carew sait retomber sur ses pattes avec un talent certain : sa fin ouverte, notamment, sait attiser la curiosité du lecteur sans lui donner l'impression pour autant d'avoir eu finalement affaire à une longue introduction.
L'un dans l'autre, l'auteur signe des débuts convaincants dans la lignée de noms comme Miles Cameron par exemple, même s'ils ne sont peut-être pas ébouriffants. Ils se révèlent quoi qu'il en soit plus que suffisants pour avoir déjà séduit un éditeur français... à savoir Lattès. Et oui.
— Gillossen