Quand Christopher Golden et Tim Lebbon (un duo à qui l'on devait notamment Sauvage, une relecture tendance fantastique de la jeunesse de Jack London, premier tome d'une trilogie qui ne dépassa malheureusement pas ce tome 1 en France), surtout connus pour leurs novélisations ou leurs histoires d'horreur, se lancent cette fois à l'assaut de la fantasy épique, via un one-shot, on pouvait logiquement faire preuve d'une certaine curiosité, surtout quand l'éditeur - de la VO en tout cas - affirmait que le résultat plairait aussi bien aux amateurs de N.K. Jemisin que de Brandon Sanderson.
Autant dire que la cible visée s'avérait très large !
Au bout du compte, une fois le roman terminé... ces deux franges de lecteurs pourraient bien se révéler déçues du résultat... tout comme n'importe qui d'autre. Attention, Le Sang des quatre n'est pas déplaisant en soi, c'est même souvent un moment de lecture agréable et "pas prise de tête", si vous me permettez l'expression. Si vous retrouver avec de l'action et de l'aventure au menu vous suffit amplement, vous pouvez même sans doute sauter le pas.
Mais attendez-vous tout de même à un gros manque d'originalité et à une intrigue menée tambour battant mais sans aucune surprise à même de vous marquer (que ce soit à l'échelle de vos lectures de l'année ou encore moins d'une vie). Les deux auteurs nous livrent ainsi une histoire malheureusement beaucoup trop convenue, qui peine donc à décoller.
Dommage, car les personnages, quelqu'un comme Daria Hallarte en tête, sont en majorité réussis, que l'on ait droit à leur point de vue ou pas d'ailleurs. Une réserve à mentionner à leur sujet toutefois, la relative brièveté du roman - 500 pages tout de même - fait qu'une fois installés dans l'intrigue, ces différents protagonistes ne voient pas leur rôle et leur personnalité évoluer assez pour leur donner plus de profondeur. Notre attachement ou notre intérêt pour leur sort demeure donc trop superficiel.
Une intrigue prenante mais prévisible de bout en bout, des personnages avec un certain potentiel mais demeurant sous-exploités... Il ne manquait plus qu'un certain flou artistique un peu trop savamment entretenu au niveau des mécaniques inhérentes à la magie de cet univers pour manquer nous faire décrocher pour de bon. Là encore, le duo semble tatonner et s'en remet au bon vouloir du lecteur, prêt, ou pas, à fermer les yeux sur ce genre de considérations.
Et un final enlevé ne suffit pas à rattraper le coup. C'est regrettable, car la bonne volonté des deux auteurs est évidente et la plupart des ingrédients sont bons... Mais le soufflé n'a pas le temps de monter qu'il retombe aussitôt. Une lecture rapide et finalement tout aussi vite oubliée. Si vraiment vous aviez envie d'une dose de fantasy épique et que le titre vous tentait, attendez peut-être une sortie poche.
— Gillossen