Ah, détourner les clichés de la fantasy épique, quel bonheur !
On ne peut pas dire que certains n'ont pas déjà essayé par le passé, au-delà des titres purement parodiques se concentrant sur une oeuvre bien précise. Mais disons que Kill the Farm Boy n'est pas le premier représentant d'une fantasy considérée comme humoristique. Retourner les clichés pour faire rire représente en tous cas une intention claire et évidente, mais sa mise en oeuvre du jour... c'est autre chose.
C'est un fait établi, faire rire, ce n'est pas chose aisée justement. Le point de départ de cette histoire se révèle parfaitement banal - quoi de plus normal après tout, après cette note d'intention ? - mais, conséquence directe, on ne peut pas dire que l'on se passionne pour les épreuves et/ou rencontres farfelues de notre "héros", Worstley (ah, ah... ah.). Et comme les plaisanteries tombent à plat plus d'une fois sur deux en cours de route, le vernis de l'humour ne permet guère de fermer les yeux sur les coïncidences énormes et autres trous noirs parsèment le récit. D'autant que c'est presque quand l'intrigue s'approche au plus près du premier degré et donc d'une démarche sérieuse qu'elle s'avère la plus prenante.
Il faut préciser que l'humour en lui-même n'est pas franchement léger ; on est clairement dans un registre qui n'hésite pas à jouer sur la lourdeur ou un côté cru/gras (Les Elfes habitent une forêt dénommée Morningwood... amis de la poésie, bonjour !), dans une veine à la Votre Majesté, pour celles et ceux qui ne se souviendraient de ce film dont le seul fait marquant reste Nathalie Portman en bikini métallique. En tout cas, on y pense bien davantage qu'aux... Monty Python, pourtant cités par l'éditeur !
Pourquoi pas, après tout ? Le comique façon tarte à la crème possède lui aussi ses adeptes.
Mais l'ensemble tourne à vide et quand on songe qu'il s'agit là a priori d'un premier tome, on commence à s'interroger bien vite sur la pertinence d'une telle décision. S'il s'agit de tirer sur la corde en partant dans l'idée d'en faire un cycle entier, c'est aller un peu loin dans l'utilisation des clichés qui parasitent ce courant de la littérature.
Bref, on met un peu plus que la moyenne, car au bout du compte, on ne s'ennuie pas (trop), mais on est très loin de la parodie potache hilarante ou d'une réécriture mordante qui serait finalement plus fine qu'il n'y paraît, malgré les velléités des deux auteurs dans ce domaine.
— Gillossen