Roman étrange, où le fantastique s'insinue entre les lignes et les chapitres tout en s'habillant d'horreur, La Dame n°13 est une descente aux enfers cruelle et languide.
Si les personnages répondent à des archétypes, ils possèdent néanmoins une personnalité propre et des épaules assez larges pour nous emmener avec eux dans leur voyage.
Livre difficile à décrire, Somoza s'amuse dedans à nous faire craindre la poésie tout en nous faisant partager son amour des poètes, de leurs souffrances et de leurs vers : ils ne sont plus ceux capables de chanter les héros maudits, mais bien les héros maudits eux-même, condamnés à combattre celles-là même devant les inspirer.
La réécriture du mythe des sorcières est brumeuse mais efficace néanmoins, pour peu que l'on se prenne au jeu. L'auteur sait nous faire entrer dans un certain malaise en même temps que ses héros, malaise capable d'aller jusqu'au malsain...
Tout est dosé, distillé avec soin : les descriptions peuvent parfois être sanglantes mais ne vont pas jusqu'au grand-guignol, les touches de fantastiques se cachent dans des choses que l'on pensait inoffensives, mais transparaissent assez pour nous donner l'impression de naviguer entre le monde réel et un cauchemar éveillé.
Poétique, sensuel, le récit se lit sans temps mort tout en se construisant une atmosphère originale capable de happer et d'hypnotiser, avec une magie propre et, à l'image de ses Dames, particulièrement terrible aussi.
— Nephtys