Après la parution d’un premier tome remarqué et loué par les critiques, Lionel Davoust devait encore transformer l’essai avec le tome 2 des Dieux sauvages. Enterrons là tout suspense, Le Verrou du fleuve relève le défi haut la main et assure avec maîtrise la continuité du cycle de La Messagère du ciel.
Une fois n’est pas coutume, je commencerai par aborder la forme. En effet, si la couverture d’Alain Brion conserve la même atmosphère et le trait affirmé du tome 1, il convient de souligner dans les gros points négatifs le nombre très important de mots accolés l’un à l’autre, qui traduit un problème de finition flagrant. Leur nombre est si important qu’il gâche par moments le plaisir de lecture et c’est bien dommage.
Ça l'est d'autant plus que le fond, lui, reflète un haut niveau de qualité et de finition. Le récit devient plus guerrier, plus tourné vers les rebondissements, avec le suivi du siège de Loered et des descriptions de batailles aussi vibrantes que vivantes. L’aspect plus orienté vers l’action de ce volume laisse encore la part belle aux complots politiques et aux conséquences de la crise sociétale et religieuse déclenchée par la nomination d’un héraut féminin du Dieu Wer, connu de ses fidèles pour son implacable misogynie.
Même si certains protagonistes secondaires comme Izara sont moins en vue dans cette suite directe, Lionel Davoust a pris soin de ne pas négliger l’introspection et la psychologie de ses personnages, qui évoluent pour la plupart de manière sensible. La relation entre le dieu Wer et Mériane ainsi que leurs dialogues intérieurs sont particulièrement bien rendus et constituent un des nœuds principaux du récit. A l’inverse, l’alternance de points de vue permet certes d’appréhender de manière globale les événements que connaît la Rhovelle, mais, par nature, certains passages s’avèrent moins intéressants à suivre selon le héros abordé.
Le Verrou du fleuve donne également l’occasion à l’auteur d’approfondir la culture et l’Histoire de son multivers, distillant des touches de mystère au gré des pages, et renforçant la cohérence de l'ensemble de ses divers récits.
Ce volume, qui a dû être coupé en deux à cause de sa longueur, s’avère au final assez frustrant car en dépit des péripéties qui se succèdent, le lecteur ne peut que constater que la situation a peu évolué au cours de ces 500 pages.
Rendez-vous est donc donné début 2019 sans faute, pour la seconde partie de l’histoire !
— Belgarion