Même s'il n'est pas le plus original des longs métrages de Guillermo del Toro (loin de là) et qu'il prend parfois des allures de best-of, La forme de l'eau a suffisamment marqué le public et les professionnels du cinéma pour régner sur les Oscars cette année.
Comme avec sa trilogie vampirique, voici venue la version papier, co-écrite par le metteur en scène mexicain (avec Daniel Kraus, l'auteur de Taigneux paru récemment chez Fleuve Editions). Sommes-nous vraiment au-delà d'une novélisation classique ou ne parlera-t-elle qu'à ceux qui ont été touché par le propos du long métrage (ce qui n'a pas été vraiment mon cas) ? Mais la curiosité l'a emporté. Je me demandais si cette histoire ne pouvait pas gagner à être racontée en roman, si certains personnages n'allaient pas y gagner en profondeur, en subtilité surtout. Ou si le récit allait rester baigné dans cette atmosphère de conte.
Et c'est le cas, en partie. On retrouve globalement la même ambiance que dans le film, mais le livre approfondit certains points (comme la capture de ce "dieu" fluvial), de même que certains personnages secondaires survolés dans le film et qui en avaient bien besoin. On apprend par exemple que Strickland a eu besoin de 18 mois pour capturer la créature au coeur du récit et il ressemble un peu moins à un grand méchant de pacotille que dans le long métrage, malgré tout le talent de Michael Shannon pour le dépeindre. Dommage que la créature justement n'ait pas droit à un peu plus de visilité dans le roman (même si on ne reste pas entièrement extérieur à sa psyché), car les deux auteurs réussissent à lui donner une vraie personnalité, qui lève en partie le voile sur "lui" et une façon de voir le monde forcément bien différente de la nôtre.La poésie du final et sa nature un peu plus viscérale que le reste de cette histoire demeurent présentes ici, ce qui d'ailleurs permet de rehausser l'impression d'ensemble, même si, là encore, le lecteur ne se retrouve que très rarement surpris par la tournure des évènements.
La forme de l'eau ne change pas radicalement la donne par rapport au long-métrage, c'est une certitude. Si vous n'avez pas été touché par ce dernier, vous ne serez pas bouleversé à la lecture du roman. Mais si vous n'êtes pas restés indifférents à cette jolie histoire dans l'intimité des salles obscures, c'est une bonne pioche pour replonger !
Et petit bonus, si l'ambiance musicale du film vous a fait lever les yeux au ciel, vous pouvez la zapper ici ! La magie des mots.
— Goldberry