Sur Elbakin.net, nous avions remarqué Bradley P. Beaulieu dès son premier roman, le remarquable The Winds of Khalakovo. Si en France celui-ci n'a pas été traduit, Bragelonne avait "mis le paquet" l'an passé pour accompagner le lancement de sa nouvelle trilogie, avec Les Douze rois de Sharakhai. Et si le contexte était peut-être un peu moins original que dans son précédent univers (encore que !) et l'histoire un peu plus portée sur l'action, il n'en demeurait pas moins que Beaulieu livrait là un roman de fantasy épique abouti.
Avec cette suite directe, on retrouve ce qui faisait la force du premier tome : des personnages bien construits et crédibles et une intrigue solide. Elle s'étoffe d'ailleurs, avec notamment un nouveau point de vue intéressant, sans oublier le retour des analepses qui représentaient là aussi l'un des atouts du précédent. On apprécie aussi la manière dont les personnages évoluent sur le plan moral par exemple, en étant directement au contact de situations les questionnant intérieurement. Ce n'est pas la voix du narrateur qui s'interroge mais bien la leur, en se retrouvant plongés concrètement face à de nombreux défis et autres obstacles dressés sur leur route. Ça ne change pas la nature un peu trop parfaite de l'héroïne, mais c'est toujours ça de pris et quelque chose de finalement pas si courant.
Alors, tout n'est pas parfait, bien sûr : il y a deux/trois facilités persistantes autour justement du personnage de Çeda et le rythme global du récit m'a paru un peu moins bien géré que dans le premier volume. On ne s'ennuie pas, loin de là, mais certains passages s'étirent plus que de raison, de façon encore plus sensible qu'avec les Douze Rois. Si vous étiez déjà sensible à cette donnée avec le premier tome... Mais pas de quoi pour autant remettre en cause une certaine impatience dans l'optique du tome 3, attendu pour l'année prochaine ! D'autant que l'exposition, pêché mignon du précédent, se met paradoxalement en retrait au profit de l'avancée des principaux fils narratifs.
A noter la sublime couverture de Marc Simonetti d'une part et la parution récente de plusieurs novellas situées dans cet univers, à même de l'étendre encore davantage.
Une bonne suite.
— Gillossen