D’abord connu pour ses talents d’acteur et de chanteur, Chris Colfer devient auteur en 2012 avec ce premier tome du Pays des Contes. Écrit pour un lectorat jeunesse, le livre tient ses engagements. Les jeunes lecteurs trouveront dans ce livre de la magie, des contes et des aventures, suivant de près les personnages principaux qui ont tous les deux douze ans. Si l’auteur a fait le choix louable de privilégier les versions de contes de fées écrites par Perrault, Grimm et Andersen, au lieu de se fier aux adaptations Disney, on peut néanmoins trouver la « continuité » de ces contes un peu légère et moins crédible que les histoires d’origines. Certains personnages de contes se détachent des autres à l’image de Blanche-Neige et de Boucle d’Or, tandis que d’autres ont une personnalité des plus curieuses comme le Petit Chaperon Rouge, pour ne citer que lui. Les attentes du lecteur peuvent être un frein pour cette histoire, car si elle ne surprend pas par son originalité, l’intrigue elle-même, bien que classique — des enfants qui entrent dans un nouveau monde, voyagent pour revenir chez eux — reste agréable et sympathique.
Le début du roman était pourtant tout autre, nous promettant une certaine profondeur qui n’est pas réapparue avant la fin. La gravité sous-jacente des premiers chapitres et le réalisme des personnages s’estompent dès leur entrée au Pays des Contes pour laisser place à un format un chapitre/un conte/un dénouement qui peut lasser les lecteurs les plus expérimentés. Les jumeaux tiennent parfois des propos trop matures pour leur âge et leurs réactions semblent exagérées.
Et pourtant, malgré ces quelques déséquilibres, le livre réussit tout de même à enchanter grâce à l’immersion dans ces contes. En cours de lecture, on se rend compte de la modernité du récit, car les enfants citent eux-mêmes Alice au Pays des Merveilles ou encore Le Monde de Narnia. Ils comparent ces voyages avec leur propre aventure et cela rend le roman d’autant plus actuel : les jeunes lecteurs d’aujourd’hui pourront s’identifier à ces personnages.
Les derniers chapitres, très touchants à plus d’un titre, apportent leur lot de surprises malgré certains dénouements pouvant être devinés à l’avance. On retrouve alors le réalisme du début du roman, une profondeur agréable dont on aurait apprécié une présence plus constante. Malgré quelques défauts, ce premier tome peut être l’ouverture vers une suite plus travaillée, avec une intrigue plus fournie et crédible. On espère que cette profondeur mise de côté aura une meilleure place dans les prochains tomes ; elle pourrait sans aucun doute améliorer la qualité de cette histoire.
— Aventurine