La Fée, la Pie et le Printemps est l’un des nombreux livres proposés par un collectif d’éditeurs de l’imaginaire pour le prix Goncourt 2017. Il est présenté comme un roman féérique et un voyage entre les légendes et le réel, mais qu’en est-il à la lecture ?
L'originalité est l’un des principaux atouts du livre. Il prend une jolie place dans le paysage des histoires de fantasy et du merveilleux, alliant des personnages intéressants et une intrigue qui réussit à mêler la famille royale d’Angleterre à la féérie, pour offrir une histoire unique. Pourtant, à la sortie de cette lecture, on se rend compte que cette originalité évidente n’arrive pas à porter à elle seule l’histoire de ce roman.
Si les personnages sont intéressants, ils sont pour la plupart conçus sur le même mode : des solitaires au passé mystérieux dont le surnom cache leur réelle identité. L’intrigue, qui se découle en deux jours, est à la fois trop rapide pour s’attacher à eux et trop brève pour saisir le fond de chaque personnage. On ne fait qu’effleurer ce qui aurait pu être un point fort du roman.
La narration au présent, alternant les chapitres à la première personne et à la troisième, propose une lecture particulière, comme si nous étions dans un couloir étroit où seule l’action immédiate existe. Les brefs moments révélant le passé des personnages ont par contraste un charme évident et présentent une fluidité qui manque au reste de l'ouvrage. On découvre alors quelques notes de poésie qui restent plutôt rares, mais assez délicates pour être relevées.
Outre le peu d'attachement envers les personnages, on ressort de cette lecture avec le regret de ne pas en avoir appris davantage sur une magie pourtant originale et diversifiée. On ressent également un certain manque de présence dans ce monde de la féérie où le peuple semble inexistant. La lecture donne l’impression de traverser un paysage brumeux, avec peu de contours et de couleurs.
Ce roman présente une belle image d’originalité, mais qui perd de son charme par des révélations trop vite amenées, par des histoires survolées et par la fin maladroite de l’intrigue principale. Un roman et une écriture à l’image d’un feu follet que l’on essaierait de saisir mais qui reste hors de portée, et dont la lumière n’apparaîtrait que trop rarement pour que la magie opère.
— Aventurine