Jean-Louis Fetjaine vous convie à voyager sur les routes poussiéreuses et dans les anciennes cités franches d’Orient en compagnie de princesses maudites, de rois, de sectes et d’anciens croisés devenus seigneurs. Devant nos yeux une tranche d’histoire très peu connue se déroule, le règne des Francs sous la forme de quatre états chrétiens, durant la période entre les deux premières croisades (le roman débute en 1130).
L’auteur met tranquillement en place ces protagonistes tirés de l’Histoire pour peindre une fresque orientale avec un rythme allant crescendo jusqu’aux ultimes rebondissements de l’intrigue qui feront basculer les princées franches proche d’une paix toute relative à l’amorce d’une deuxième croisade. Les francs encerclés de toute part d’ennemis sont loin d’être solidaires, chacun allant de sa petite intrigue pour avoir plus de pouvoirs. Heureusement pour eux que leurs ennemis connaissent eux aussi des dissensions, pour l’instant…
Le roman s’ouvre sur une scène « inventée », la naissance du fils d’Alix d’Antioche, princesse avide de pouvoir et de Renaud Mazoir, seigneur de Margat, chevalier fidèle. Ce chapitre introduit les fils conducteurs du récit : la malédiction et ces trois personnages que nous suivons sur plusieurs années à travers les méandres de la politique et des batailles.
Loin des légendes arthuriennes chères à l’auteur, celui-ci tisse par petites notes diluées et énigmatiques le long du roman mais qui en reste finalement le cœur, l’histoire des djinns et de leurs place dans la religion et la mythologie orientale. Insufflant une note de fantasy à l’histoire avec un grand H, il interprète les événements historiques au prisme du mystère des djinns. L’auteur a fait un grand travail de recherches, notamment sur les chansons, les djinns, l’exorcisme et la biographie des protagonistes. Il se permet néanmoins quelques raccourcis avec l’Histoire pour une question de rythme et de structure de texte. Il réussit parfaitement l’exercice de style du roman fantasy historique même si, de par la longueur du texte (court) et la grande densité de faits et de personnages, le lecteur peine à ressentir le souffle épique et la tension de l’enchaînement des événements.Il manque pour s’imprégner des faits et de l’environnement, une description plus détaillée des villes et des paysages, l’auteur faisant appel plus ici à une ambiance générale.
Jean-Louis Fetjaine, avec un style direct, nous livre un roman sans temps mort et dépaysant avec des personnages attachants, Mazoir et son entourage, et des personnages plus ambigus tantôt tyranniques ou mélancoliques telle Alix. Personnellement, j’ai hâte de voir éventuellement une suite aux aventures de certains personnages, comme Martin et son ami, et de voir l’histoire continuer à s’écrire.
— Tatiatalante