Retribution

Avec Drakenfeld, premier tome de la série du même nom, Mark Charan Newton nous avait offert une enquête à la sauce fantasy antique de bonne facture, quoique pas exempte de défauts. Après le meurtre en chambre close, l’auteur lance cette fois l’enquêteur de la Chambre du Soleil Lucan Drakenfeld sur les traces d’un serial killer qui s’attaque aux notables d’une toute jeune nation. Là encore, l’idée est classique mais fait son petit effet.
On quitte donc Tryum, sorte de Pompéi qui n’aurait jamais connu le Vésuve, pour le royaume de Koton et sa capitale, Kuvash. Si la référence historique pour cette culture d’anciens nomades sédentarisés est moins évidente, Kuvash et ses deux préfectures distinctes n’en restent pas moins extrêmement vivantes, tangibles et crédibles. L’auteur semble avoir accordé plus d’attention aux différents royaumes qui composent l’Union Vispasienne (mode de vie, coutumes, système politique…) qu’à ses personnages.
Plusieurs défauts du premier tome ont été corrigés dans ce deuxième opus, à commencer par les ellipses incessantes. Les personnages secondaires gagnent en profondeur, à commencer par Leana, dont une partie du très noir passé est révélée. Mention spéciale également à Sulma Tan et à la princesse Nambu, qui jouent un rôle actif et ne se contentent pas de faire de la figuration, comme c’était un peu le cas du sénateur Veron.
Histoire de rappeler que la série s’inscrit bien en fantasy, et pas seulement dans la mouvance « roman policier (faussement) historique », la magie commence à pointer le bout de son nez, tout en restant largement en arrière-plan. L’intérêt de l’histoire reste l’enquête, et à plus grande échelle, les conséquences politiques graves que les aventures du tome précédent ont eu sur l’Union Vispasienne. La suite de la série pourrait bien voir arriver une véritable guerre…
Toutes les réserves émises à la lecture de Drakenfeld ne sont cependant pas levées : l’écriture reste très plate, avec environ zéro humour, et les (ré)actions de certains personnages paraissent parfois curieuses, voire absolument pas naturelles (on doute qu’une reine inquiète de la sécurité de sa fille confie celle-ci à de parfaits inconnus pour assurer sa protection). Mais malgré cela, difficile de ne pas continuer à tourner les pages pour connaître le fin mot de l’histoire.
Alors que Drakenfeld (2013) et Retribution (2014) n’étaient séparés que d’un an, la sortie du troisième tome des enquêtes de Lucan Drakenfeld se fait toujours attendre à l’heure où cette chronique est publiée. On espère que le délai sera suffisant pour gommer les dernières maladresses de la série !

— Saffron