Six ans après la parution du Vaisseau Ardent, épais roman inclassable et improbable, Jean-Claude Marguerite nous revient avec Conte de la plaine et des bois, petit livre de 159 pages paru chez les Moutons électriques.
L'auteur y narre avec un style toujours aussi bien ciselé l'escapade d'un homme au crépuscule de sa vie, solitaire patron d'un studio de dessins animés, en compagnie d'un petit garçon et d'un chien vieillissant, à travers les bois de sa jeunesse. L'irruption du fantastique, de l'inexplicable, y est légère, par petites touches successives, ne survenant que dans le derniers tiers de l'ouvrage. Bien que l'ambiance puisse parfois être rapprochée de livres tels que la Lisière de Bohème ou l’Épouse de Bois, cet opuscule est avant tout une irruption de la fiction dans le nature writing, ode poétique à la forêt et à l'enfance. Récit doux-amer et profondément humain sur la vieillesse, les regrets et la création, ce Conte de la plaine et des bois est une porte d'évasion servie par une fin émouvante. Si nombre d'amateurs du genre pourraient s'y trouver fort désorientés, n'y trouvant pas ce que d'aucuns associent généralement au fantastique ou à la fantasy, cette histoire saura toucher par sa finesse et éveiller une nostalgie emplie de senteurs d'une forêt sous la bruine.
Un ouvrage en marge, à ne pas mettre entre toutes les mains mais une ambiance entêtante pourvu que l'on accepte de s'y attarder quelque peu.
— K