La quatrième de couverture était alléchante, mais ce livre se révèle malheureusement assez décevant, malgré une bonne idée de départ et une plume agréable à lire.
Isaac, bibliomancien et bibliothécaire de son état, a été mis au placard après une énorme bourde sur le terrain et est devenu catalogueur pour le Die Zwelf Portenære. Il n'a plus droit d'utiliser la magie pour sortir Excalibur ou un pistolaser d'un livre : il repère les livres potentiellement dangereux pour l'humanité et les signale, jusqu’au jour où des vampires débarquent et cherchent à le tuer. La guerre est déclarée entre les patrons d'Isaac et les vampires, sauf que personne ne sait pourquoi et qui l'a déclenchée. L'intrigue, reposant sur la recherche du responsable de cette guerre, est assez mal amenée tout au long du récit.
La narration par Isaac est le grand défaut du récit. La description de l'action via le regard d'Isaac est peu haletante, quoique claire. Le héros est inconsistant, peu développé, tant du point de vue de la description physique, inexistante, que du caractère. On a du mal à visualiser le personnage et à cerner sa psychologie, un mélange de Rambo et de geek ? D'enquêteur sur le retour en manque de sa drogue et d'un bibliothécaire un peu looser ? On ne sait pas trop quoi en penser. On éprouve ainsi une indifférence croissante à son égard, rendant les moments émouvants pour le personnage ennuyeux pour le lecteur.
Ainsi, le premier chapitre, qui augurait d'un bon cocktail, avec ce qu'il faut de références geek et d'action, se transforme en un soufflé qui se dégonfle au fil des pages. A ne pas vouloir tomber dans l’écueil du fanservice en faisant trop de références à la littérature de l'imaginaire, l'auteur en perd la saveur du livre et son originalité première.
Pour autant, le tableau n'est pas totalement noir. Le système de magie qui permet « d'extraire » un objet d'un livre est bien expliqué et l'auteur a bien développé les limites de cette magie et le potentiel encore non exploité par les pratiquants. Les personnages secondaires sont plutôt bien brossés, en particulier Lena la dryade qui est attachante avec son caractère explosif et franc. Experte dans la maîtrise du bokken, elle titillera la conscience de notre héros avec sa plastique parfaite et sa nature magique. L'auteur arrive même à nous rendre attachante Titache, une araignée-flamme qui est le fidèle animal de compagnie du héros. La relation entre les personnages est intéressante, tout comme les motivations du « méchant ». De même, un personnage au cœur du récit sans y être présent montrera une face plus ambigüe que ne l'augurait l'intrigue.
Concrètement, vous passerez un bon moment et vous lirez d'une traite ce « prologue », qui introduit à peine - et d'une manière un peu artificielle et inutile - la véritable intrigue de la série. Il ne laissera donc pas un souvenir impérissable, même s'il reste agréable à lire. Espérons que la suite donne plus d'épaisseur au héros et à l'histoire et nous retrouverons alors avec plaisir Lena et Titache.
— Tatiatalante