Une enfant maudite condamnée par sa date de naissance, un sauveteur inespéré, un royaume magique, tels sont les ingrédients qui donnent le coup d’envoi de cette nouvelle série jeunesse, présentée comme le gros succès de 2017 en matière de publications anglo-saxonnes. Fille unique de Corvus Crow, politicien à la cote de popularité fluctuante, Morrigane est une petite demoiselle dont l’existence est assez sinistre : sa malédiction lui vaut d’être accusée de tous les torts ou presque, sous le regard indifférent d’un père qui semble n’attendre que sa disparition. Laquelle doit intervenir très prochainement, heureusement… Bref, une situation initiale pour le moins inconfortable, qui se voit bousculée lorsque Morrigane est sauvée par un inconnu, pour rejoindre un royaume dont elle ignorait jusqu’à l’existence.
La trame globale du récit n’offre pas de grandes surprises. Changement de monde, nouvelle demeure aux propriétés singulières, grand méchant au profil trouble, épreuves à passer, le tout sous la houlette d’un mentor fantasque et un brin taiseux quand ça l’arrange, voilà qui évoquera sans nul doute d’autres lectures. S’il n’y a rien de très nouveau dans tout ceci, on ne soupire pas non plus à toutes les pages, au contraire : le récit demeure plaisant, malgré quelques rebondissements prévisibles, et Morrigane se montre une héroïne plutôt attachante, que l’on suit avec plaisir – mais sans grande passion. Du côté des rôles secondaires, les personnages que l’on est amené à croiser se révèlent assez colorés, entre comportements mystérieux et lubies étranges, attisant ainsi la curiosité du lecteur. Il y a aussi un sacré gros chat, qui ne manquera pas de séduire les amateurs de félins…
L’univers proposé par l’autrice semble globalement prometteur, mais l’on en sait finalement assez peu à ce stade de la série, comme s’il ne s’agissait à proprement parler que d’une toile de fond dont seuls quelques éléments sont présentés. On ne s’ennuie certes pas à la lecture, mais cela peut paraître un peu frustrant à la longue. Nul doute cependant que les tomes suivants en dévoileront plus, certaines zones d’ombre étant liées à divers secrets amenés à être explorés.
S’il y a sans doute entre ces pages de quoi captiver les jeunes lecteurs, les plus aguerris seront peut-être un peu moins emballés par l’ensemble. Une lecture au demeurant sympathique, mais pas renversante.
— Erkekjetter