Manesh, le premier roman de Stefan Platteau, nous avait impressionnés par certains aspects tout en nous laissant malgré tout un poil sur notre faim. Notre enthousiasme était ainsi réel mais pas totalement débridé, pouvait-on dire.
Avec son Dévoreur, petit volume intermédiaire, l'auteur avait levé une bonne partie des doutes qui n'étaient déjà pas particulièrement élevés. Et avec Shakti aujourd'hui, il continue sur cette lancée sur le fond et on ne peut qu'apprécier ce virage. Plus dynamique, le récit se fait même souvent haletant.
Aussi bien sur le fond qu'en termes de mise en scène, avec bien sûr toujours le fleuve comme élément important. Stefan Platteau nous happe vraiment désormais. Il faut dire qu'il se dégage une ambiance oppressante très bien rendue là encore. Il faut dire surtout que les thèmes développés, déjà présents dans le premier tome, s'y prêtent logiquement et permettent un développement tout à fait en osmose avec la prose de l'auteur.
On pourra toujours regretter une fin un peu abrupte ou bien quelques rebondissements - un en particulier - où l'on se demande bien pourquoi l'un des personnages ne pense pas à une option plutôt évidente le concernant, mais on ne peut pas dire que l'ambition soit mise de côté pour autant au fil de ce tome 2.
Reste que l'on demeure tout de même curieux de la tournure des événements et de la portée de certaines décisions franchement radicales.
Au bout du compte, Stefan Platteau confirme qu'il incarne une voie (ou une voix, on vous laisse choisir !) à suivre, capable qui plus est d'évoluer dans le bon sens, en instillant un peu de sobriété à sa plume sans pour autant sacrifier quoi que ce soit à son univers.
Une belle continuité.
— Gillossen