Le moins que l'on puisse dire, c'est que la parution française de Patricia Briggs aura été rapide. Inconnue dans nos contrées il y a encore un an, Corbeau marque le début de sa troisième série - rien que ça ! Pour information, ce diptyque a été écrit avant les aventures "bit-litiennes" de Mercy Thompson mais après le diptyque Hurog qui paraît aux éditions de l'Atalante. Corbeau possède d'ailleurs pas mal de points communs avec ce dernier mais nous y reviendrons.
Comme beaucoup d'autres livres, Corbeau commence par une histoire d'amour. Celle de Séraphe, un Corbeau-Mage, et de Tiër, un soldat à la retraite qui la sauve du bûcher alors qu'il rentre chez lui. Quinze années plus tard, le couple a fondé une belle famille et mène une vie plutôt heureuse. Mais, comme vous vous en doutez, cela ne va pas durer... car une ancienne menace rôde.
Corbeau, c'est à la fois une fantasy intimiste dans la lignée du Couteau de partage de Loïs Mcmaster Bujold et une fantasy familiale où un père et une mère de famille ainsi que leurs trois enfants se retrouvent aux prises avec des intrigues politiques et religieuses qui les dépassent. Heureusement, cette famille n'est pas dépourvue de ressources puisque chacun des membres détient un pouvoir particulier qui ne les laisse pas sans défense, loin de là. Pas vraiment original, plutôt manichéen, ce Corbeau possède suffisamment de plumes à son aile pour ravir les aficionados du genre.
Là où la première moitié de l'ouvrage pose doucement mais sûrement les bases de l'intrigue (caractère des personnages, histoire de l'univers, spécificités de la religion), très vite, le rythme s'emballe et l'auteur ouvre ses pages à d'autres protagonistes et à des intrigues de cour comme elle sait si bien nous les concocter. Ceux qui ont lu Les Chaînes du dragon sauront de quoi je parle, la recette de Briggs n'ayant pas tellement évolué. Par exemple, l'entité de la mémoire de corbeau rappelle immanquablement un personnage rencontré dans les travées d'Hurog... Des similitudes mais aussi des différences : Corbeau s'avère moins drôle, plus sombre (sans être non plus d'une noirceur effrayante) et, disons-le clairement, moins réussi que son aîné.
Classique mais prenant, ce solide premier tome rempli son office : celui d'une distraction efficace qui nous convainc assez pour nous donner envie d'aller voir la suite prévue pour la rentrée prochaine.
— Zedd