Tout d'abord, c'est une réelle satisfaction de finir l'année avec un nouveau roman de Catherynne M. Valente à se mettre sous la dent ! Certes, il est techniquement sorti cet automne, mais l'attente et la frustration de n'avoir pu le lire plus tôt se retrouvent vite récompensées.
L'auteure d'Immortel nous transporte dans un univers parallèle très différent des cadres qu'elle a pu déjà aborder, avec dans le cas présent des années 80 bien différentes des nôtres, puisque l'on retrouve notamment l'espèce humaine dans tout le système solaire par exemple. Et oui, voilà déjà aussi un autre élément à mentionner. Parfois présenté comme le premier roman de Science-Fiction de Valente, Radiance peut tout à fait se classer dans cette catégorie littéraire. Mais, me direz-vous, pourquoi dès lors le chroniquer (décidément, c'est la journée des ouvrages aux frontières floues...) ? Eh bien, car comme certains lecteurs ont pu le faire remarquer, on est tout autant face à une histoire alternative aux allures d'uchronie, voire, pourquoi pas, dans de la "cosmic fantasy".
Et outre l'incroyable saveur de cet univers à l'atmosphère indéniablement pulp au meilleur sens du terme, il faut également saluer l'ambition de ce roman, qui revisite à sa façon l'histoire d'Hollywood notamment à travers le parcours en creux de son héroïne principale, bien décidée à tracer sa propre voie. Valente nous livre ici une magnifique lettre d'amour à la littérature, de genre ou non, sans oublier une ode à l'imagination, comme souvent chez elle.
Pas la peine non plus justement de revenir sur sa prose, toujours à la hauteur de nos attentes, même si forcément plus sombre que dans le cadre d'une œuvre jeunesse. Mais on doit toutefois noter que Valente a cette fois recours à tout un tas de procédés (faux extraits d'articles, de script, de lettres...) pour nous faire pénétrer un peu plus encore au cœur de cette histoire à la dimension planétaire, intense et puissante, mais, avant tout, unique. Fatalement, on se dit qu'avec elle le mieux n'est pas l'ennemi du bien et que certains pans de son intrigue auraient pu se retrouver encore mieux exploités, un peu à l'image de la toute fin du roman d'ailleurs.
Une fin qui peut déconcerter comme vous nouer la gorge, selon votre sensibilité. Il est sans doute possible d'ailleurs de demeurer hermétique à cette histoire, de juger ses personnages pas assez attachants au sens classique du terme, mais je ne peux qu'espérer de tout cœur que ce ne soit pas votre cas si ce voyage vous tente.
Car il s'agit tout simplement de l'un des meilleurs romans de l'année, les plus aboutis, à la fois sublime et déroutant, au-delà même de ses aspirations à l'excellence.
— Gillossen