Après la trilogie de l'héritage - et deux autres romans (The Killing Moon and The Shadowed Sun) sans oublier un triptyque de nouvelles dans son premier univers - on attendait forcément N.K. Jemisin au tournant pour son retour au format trilogie.
Avec The Fifth Season, l'auteure signe une nouvelle réussite, mais qui ne parlera peut-être pas immédiatement au lecteur aussi facilement que les Cent Mille Royaumes. Si tout n'était pas rose, loin de là, dans les aventures de Yeine ou de Shahar, le cadre de The Broken Earth est plus dur (encore), avec son monde en train de mourir. Il est avant tout question de l'autre, de son regard sur nous. Qu'est-ce qui fait ces différences qui rendent parfois notre compréhension des uns des autres si difficile ?
De fait, Jemisin donne par moments l'impression de lever à peine le voile sur ces questionnements, malgré certaines scènes fortes, voire dérangeantes. Un peu comme si justement le côté "premier volume" ne parvenait pas tout à fait à se faire oublier dans cette histoire, quand bien même la suite s'annonce pleine de promesses et surtout vraiment ambitieuse, ce qui fait une fois de plus un bien fou à un genre comme la fantasy parfois bien trop repliée sur elle-même et ses acquis.
En tout cas, on l'attendra de pied ferme, car N.K. Jemisin démontre, s'il lui fallait encore le prouver, qu'elle possède indéniablement une voix à part, une voix qui porte, dans les thèmes abordés comme dans la façon de les mettre en scène au plus près de ses personnages, dans tout ce qu'ils ont de trouble. Autant dire qu'il est aisé de sortir ébranlé d'une pareille lecture et que l'on peut même se demander si l'on a vraiment envie de plonger dans un tel récit.
Mais oui, trois fois oui.
— Gillossen