Et voici un roman supplémentaire parmi ceux que la critique chez nos amis outre-Manche ou outre-Atlantique avait remarqués au sein des sorties fantasy (épique) de cette année 2015. Il faut dire qu'un roman estampillé Young Adult d'ores et déjà prévu pour une adaptation au cinéma avant même sa sortie, c'est le genre de choses que l'on retient.
Mais si le roman déconcerte ou disons surprend, c'est en premier lieu... du fait de son usage du présent. C'est objectivement un pari souvent risqué car bousculant les habitudes du lecteur, mais l'auteur s'en tire avec les honneurs et on oublie vite ce parti pris, du fait d'un style globalement plus travaillé que le tout-venant.
Le roman lui-même est de bonne tenue, pour ne pas dire qu'il se révèle très solide pour un premier tome. Mais voilà, les choses sont donc loin d'être terminées une fois le livre refermé, et surtout, principal souci de l'ouvrage, n'a-t-on pas déjà vu tout ça ailleurs ? Plusieurs éléments évoquent des classiques du genre, tel Hunger Games pour citer le plus évident (et ce même si l'auteur fait des efforts pour apporter une touche de renouveau)... On les a donc déjà croisés et souvent vus exploités avec un certain talent. Certes, rien ne se crée, tout se transforme et la fantasy, comme tous les autres genres littéraires d'ailleurs, recycle perpétuellement les mêmes éléments avec quelques variantes/variables... Mais c'est toujours un peu dommage.
D'autant que, encore une fois, le résultat ici s'avère probant et bien au-dessus de nombre de sorties récentes. Grâce aussi au ton adopté par Sabaa Tahir, volontiers sombre, presque trop parfois ou bien à son cadre, inspiré de la Rome antique. L'histoire en elle-même est bien construite, prenante, mais ne se conclut pas ici, contrairement à ce que l'on aurait pu penser. Une suite finalement prévisible et une décision à l'image du roman lui-même : jamais aussi bon que lorsqu'il s'éloigne des sentiers (re)battus mais avec un penchant un peu trop marqué en leur faveur par moments.
Ne soyons donc pas trop durs au bout du compte : si l'on se veut optimistes, une suite devrait permettre à l'auteur d'améliorer ce qui demande encore à l'être !
— Gillossen