Ayant traduit le premier tome de cette série de Django Wexler prévue en cinq volumes, vous ne m'avez évidemment pas vu en signer la chronique, pour celles et ceux qui prêtent attention à ce genre de choses.
La publication française de ses suites étant plus que compromise désormais pour ne pas dire tout simplement annulée (chez Panini Books en tout cas), votre serviteur se permet donc de reprendre la plume, après avoir lu The Shadow Throne dans la perspective initiale de le traduire justement. Une plume malheureusement d'autant plus amère que ce tome 2 se révèle bon, voire très bon.
Pour ceux qui avaient apprécié l'ambiance désertique et les conflits façon campagne napoléonienne en Égypte des Mille Noms, on pouvait craindre que l'auteur ne connaisse pas forcément la même réussite dans un contexte plus "urbain" et moins militaire. Bien au contraire. Wexler parvient à étoffer encore ses personnages principaux sans renier pour autant les nouveaux venus sur le devant de la scène que l'on découvre en se retrouvant plongé au cœur d'un empire vacillant en proie à de nombreuses luttes intestines (On n'ira pas jusqu'à parler des Misérables pour l'ambiance, mais...).
D'autant que The Shadow Throne offre ce qui, bien plus que le cadre finalement, représentait l'une des forces évidentes d'un auteur biberonné aux références en pagaille, qu'il soit question de littérature mais également de cinéma ou d'anime : son ton moderne, ses dialogues percutants et ses scènes d'action tout aussi bien menées. Bref, la narration par l'action, ce que tout bon roman de fantasy épique devrait parvenir à proposer à ses lecteurs.
Le personnage de Marcus reste un véritable baromètre pour nous, même si Janus fait preuve de toujours autant de malice et d'ambition savamment distillée. De notre trio du premier tome, seul Winter est peut-être un peu plus en retrait, car la dimension "romantique" de son histoire prend par moments un peu trop le dessus. Reste la princesse Raesinia, une nouvelle venue pour le coup particulièrement réussie et un protagoniste féminin crédible et indépendant de plus à mettre au crédit de Django Wexler.
Un auteur qui nous entraîne donc jusqu'au bout d'une nouvelle aventure où la magie se dévoile sans prendre trop de place pour autant par rapport aux intrigues de cours et aux sort des personnages eux-mêmes, et le tout en augmentant encore la mise en vue du troisième tome.
Vous l'aurez compris, les anglophobes ne seront pas ravis... Et oui, ce ne sont donc pas les seuls.
— Gillossen