Surgi de nulle part, Magie Brute est rapidement apparu comme l’une des meilleures surprises de ces dernières années, un blockbuster comme on en avait rarement lu – vu ! – en fantasy. Un roman original, rythmé et divertissant. Cette surprise se verra confirmée avec la parution un an plus tard de Malédiction ; une chouette suite qui faisait néanmoins le pari de temporiser – un choix sur lequel nous reviendrons dans la fin de la chronique. Aussi, lorsque sort Foudre de Guerre, troisième et ultime tome des Chroniques du Grimnoir, les lecteurs de la première heure attendent une conclusion en apothéose, rien de moins. Or, nous le savons : généralement, plus les attentes sont élevées, plus la déception est douloureuse.
Alors, verdict ?
Nous parlerons ici de semi-déception, car si Foudre de Guerre ne tient pas toutes ses promesses, il n’en reste pas moins un formidable défouloir qui vous fera passer un excellent moment.
Le rythme, tout d’abord, se révèle moins soutenu que par le passé. Pour autant, impossible de s’ennuyer. L’auteur nous dévoile tour à tour un nouveau protagoniste, des lieux inédits – l’exploration d’un Berlin post-apocalyptique – ou encore quelques pans de son univers jusque-là laissés dans l’ombre. Des révélations, ce troisième tome vous en réserve, sans aucun doute !
Les personnages, ensuite, se montrent toujours aussi attachants qu’au premier jour, sinon plus. Si l’on connait maintenant le caractère de chacun, la confrontation avec le « grand méchant » leur donnera à toutes et à tous l’occasion de briller comme jamais. Attention, tous ne verront pas l’épilogue…
Signalons rapidement des répliques savoureuses ici, quelques passages sur les armes à feu là – un auteur Baen reste un auteur Baen – ou encore des scènes d’action à vous décrocher la mâchoire – Larry Correia reste Larry Correia –, et vous comprendrez que ce dernier a rendu une copie propre, sérieuse, à défaut d’une copie parfaite…
En choisissant de dévoiler très tôt la menace qui pèse sur son monde et ses personnages, en « freinant des quatre fers » comme on l’indiquait dans la critique du deuxième opus, l’auteur américain d’augmenter d’autant les attentes de ses lecteurs, de leur promettre monts et merveilles, de s’exposer à un retour de bâton.
Et si la fin ne démérite pas loin de là – certaines scènes valent leur pesant de cacahuètes et on se prend à rêver de les voir un jour au cinéma, elle lorgne trop souvent du côté de la facilité, et se révèle à mon sens bien moins épique qu’on était en droit de l’espérer.
Que restera-t-il de ces Chroniques du Grimnoir une fois la dernière page tournée ? Le souvenir d’une série inventive et divertissante, mais pas totalement aboutie. Une série que l’on aimerait voir au cinéma (« Messieurs les producteurs d’Hollywood, au lieu de faire le remake d’une suite d’une préquelle, lisez donc Magie Brute ! »). Reste que l’auteur ne semble pas en avoir fini avec cet univers puisqu’il planche sur une nouvelle trilogie se déroulant pendant les années 50.
Alors, bonne idée ou fausse bonne idée, seul l’avenir – et quelques actifs – nous le diront.
— Zedd