Après une campagne promotionnelle menée tambour battant, il était temps de se pencher sur le premier roman de Nabil Ouali, annoncé par Mnémos comme un auteur à suivre. A tort ou à raison ?
La Voix de l'Empereur, premier livre d'une série intitulée Le corbeau et la torche, est avant tout un bel objet : Mnémos nous livre ici un ouvrage de qualité, avec une couverture simple mais efficace, et un papier d'excellente qualité. Bref, avant même de l'avoir ouvert, le livre se révèle agréable à manipuler.
Au niveau du texte, on sent l'influence à la fois des auteurs classiques de la Fantasy, mais aussi d'autres plus modernes : ainsi, des longues descriptions viennent entrecouper une intrigue chorale, où les manigances et la ruse prennent le pas sur la force physique.
Mais malgré une volonté affichée de se démarquer de ses sources d'inspiration, Nabil Ouali n'y parvient pas entièrement : si le récit possède d’indéniables qualités, il reste malgré tout classique dans sa construction et manque quelque peu d'originalité.
Cependant, la plume de l'auteur est succulente, et se place sans conteste dans le haut du panier. Tout au plus pourra-t-on reprocher des poèmes en dessous du reste, et qui alourdissent inutilement le récit.
D'ailleurs, parlons-en de ce récit : tout au long des 260 pages du roman, Nabil Ouali nous tient en haleine, et réussit le tour de force de maintenir l'intérêt du lecteur au cours d'une histoire dense, qui nous emmène aux quatre coins d'un Empire sur le déclin, miné par les complots. La taille du livre fait que l'univers n'affiche pas encore beaucoup de profondeur, mais il possède un fort potentiel pour la suite.
De plus, les personnages, bien que parfois archétypaux, ne laissent pas indifférents, et on finit par s'attacher à eux (notamment à Glawol) ou à les détester malgré leurs qualités (comme Ravel). Et bien que plusieurs points de vue s'entrecroisent, aucun n'en délaissé, et le tout donne un équilibre au récit, tandis que les événements s’enchaînent sans temps mort.
Ainsi, malgré quelques défauts de jeunesse, Nabil Ouali livre ici un roman solide, qui ravira les amateurs de fantasy classique, et pourra intéresser les autres, notamment par quelques trouvailles bienvenues.
De plus, le roman se termine sur un rebondissement qui augure de grandes choses pour la suite, où l'auteur se devra de transformer son essai pour définitivement être à la hauteur de la réputation vantée par Mnémos, et s'installer ainsi dans le cercle des auteurs de Fantasy français à suivre avec assiduité.
— gilthanas