Voilà un auteur et un titre qui ont fait leurs preuves en littérature de jeunesse : Gudule, et l’un de ses plus célèbres ouvrages, la Bibliothécaire. Ce succès s’explique en grande partie par l’originalité de l’histoire : un adolescent, pour poursuivre son amour naissant, découvre l’écriture et l’univers littéraire. Ses aventures le font pénétrer à l’intérieur même des livres, où il se mêle aux intrigues et se lie d’amitié avec des personnages mythiques. Cette bonne idée permet aux lecteurs de redécouvrir des classiques de manière poétique et ludique.
Au-delà de ces aspects vraiment intéressants, il nous faut mettre l’accent sur les travers du livre, qui sauteront aux yeux des lecteurs avancés. D’abord, il serait légitime d’attendre d’un auteur aussi connu que Gudule une écriture esthétique. Or, les horreurs stylistiques sont légions. Citons par exemple les innombrables phrases commençant par « Le Black... » pour signifier la mise en scène d’un adolescent noir. De même, il semble que Gudule n’a pas vu ou entendu de jeunes depuis bien longtemps : pour elle, une collégienne vexée tire toujours la langue, et un Noir aimant le rap ne s’exprime qu’avec une lenteur ponctuée d’incessants « oh brother » ou « yo, mon frère ».
En résumé, les jeunes lecteurs devraient se laisser embarquer par l’intrigue de la Bibliothécaire ; les lecteurs exigeants risquent au contraire de voir leur plaisir de lecture gâché par ces défauts de forme.
— Auryn