Tout commence sur un rythme bon enfant, avec une présentation des plus caustiques du fonctionnement de l'Enfer et plus particulièrement de ses Fosses. C'est là que nous rencontrons pour la première fois Azzie, démon se retrouvant là pour avoir l'esprit trop porté sur le jeu. C'est pourtant cela qui le conduira à quitter sa place pour retourner sur Terre, en tant que champion du Mal dans le concours du Millénaire. Son objectif : mettre en scène une version fort spécieuse du conte du Prince Charmant réveillant la Belle au Bois Dormant d'un baiser... Et nous voilà embarqués pour une aventure qui n'arrête jamais, passant d'un rebondissement après l'autre sans nous laisser le temps de reprendre notre souffle. Non pas à cause de péripéties aventureuses ou épiques. Mais le plus souvent au moyen de situations incongrues, de bons mots, ou de personnages complètement déphasés tel que l'Ange Babriel, représentant du Bien chargé de surveiller qu'Azzie ne triche pas, avec lequel il va rapidement sympathiser, le demi-dieu Hermès Trismégiste toujours prêt à donner des conseils, ou le Prince Charmant lui-même, crée des pieds à la tête par Azzie, tout comme la princesse Scarlette d'ailleurs, et qui lui cause bien des crises de nerf avec son cœur de pleutre. Sans parler de ses montures peu conventionnelles pour ne pas vous gâcher la surprise... Azzie lui-même est évidemment un personnage haut en couleurs, moins méchant qu'on pourrait le croire, mais quoi qu'il en soit diablement fourbe. On le suit depuis la venue de son idée de génie, jusqu'à la collecte des morceaux à assembler pour former ces deux acteurs, en passant par les vicissitudes de ses relations avec les Nains, une rencontre avec un ver de terre schyzophrène, ou bien pour commencer ces difficultés de recrutement d'un bon majordome, lorsque ne se présentent de prime abord qu'un poète raté et une vieille peau.
Indéniablement, ce qu'il y a de plus plaisant dans ce roman écrit à quatre mains, ce sont sa vitesse de croisière, et surtout, son ton. Le second degré règne en maître, avec un recul particulièrement agréable et une volonté totale de ne pas se prendre au sérieux. C'est par contre également cela qui en fait un livre de divertissement, qui ne peut atteindre au chef d'œuvre, mais n'a pas de toute manière cette prétention. En un mot, vous ne regretterez pas sa lecture.
— Gillossen