Premier tome de la trilogie Neverwinter, Gauntlgrym nous emmène au cœur des Royaumes Oubliés, en compagnie du héros emblématique de cet univers : Drizzt Do'Urden. Personnage fétiche de l'auteur, l'elfe noir est une nouvelle fois plongé dans des événements à même de bousculer le destin de Faerûn. En compagnie de Bruenor, ancien roi de Castelmithral, ils se mettent en quête de la mythique cité naine de Gauntlgrym, joyau des royaumes nains.
À première vue, le pitch sonne très classique. On se pense parti pour une énième quête dans un monde médiéval fantastique redondant, peuplé d'Elfes, de Nains, d'Orques et de toutes les créatures du bestiaire de Donjons & Dragons. Dans un sens, ce n'est pas faux. Si vous avez déjà lu des romans de R.A. Salvatore, vous ne serez pas dépaysé : on retrouve des héros archétypaux, des lieux mythiques de la Côte des Épées, région des Royaumes Oubliés où se situe l'action, et une intrigue qui semble légère. C'est du moins vrai pour la première partie du roman, où les héros se réunissent et l'intrigue se met en place. Mais, au fil de la lecture, on sent que ce roman marque un tournant dans la personnalité de Drizzt. Si l'elfe noir a toujours tenu, au fil des précédents romans, une conduite quasiment identique, il fait preuve ici d'une profondeur d'âme inattendue, et bienvenue. Une certaine nostalgie s'empare du lecteur averti à l'évocation des noms de Régis, Catti-Brie ou Wulfgar. Cependant, le roman constitue une excellente porte d'entrée à cet univers : pas besoin d'avoir tous les tomes précédents des aventures de Drizzt pour comprendre celui-ci. En effet, si un nom surgit du passé des personnages, c'est dans le but de servir l'intrigue, et il est expliqué immédiatement. Il en va de même pour les personnages secondaires, qui apportent tous quelque chose à l'histoire sans être artificiellement présents.
Mention spéciale pour le côté épique que prend le roman dans sa deuxième partie. La description des combats a toujours été un des points forts de l'auteur, et il le démontre ici une fois de plus. Drizzt et Dahlia (nouvelle venue qui promet de bonnes surprises pour la suite) nous offrent à chaque combat un véritable ballet, sans jamais nous ennuyer.
Pour conclure, je finirai en disant que Gauntlgrym est sûrement l'un des meilleurs romans de R.A.Salvatore. Il s'agit bien entendu d'un roman à licence, ce qui implique de respecter un certain cahier des charges, d'autant plus que dans ce cas, la trilogie vient en complément d'un jeu vidéo. Malgré cela, l'auteur nous livre une histoire rythmée, où les événements s’enchaînent de manière limpide sans interruption. Ceux qui ne sont pas familiers à l'univers pourront peut-être reprocher un trop-plein d'informations, qui peut encombrer la compréhension de l'univers, tandis que les fans seront ravis de retrouver ce héros mythique qu'est Drizzt, qui semble enfin évoluer après de nombreuses années.
— gilthanas