Suite et fin des aventures des Immortels de Fabien Clavel.
Et le moins que l'on puisse dire c'est que c'est dans la bonne lignée du volume précédent. Nous avons cette fois droit aux deux derniers romans du cycle et à un épilogue inédit.
Maintenant que l'on a la vision globale de l’œuvre, on peut dire que le tout a été plutôt bien pensé. L'auteur savait d'emblée où il allait (ce n'est pas toujours le cas et on rencontre souvent des auteurs qui improvisent au fur et à mesure, se laissant porter par leur histoire ou leur personnages). Chaque roman a un thème prédominant. Le premier se focalisait sur la psychologie de Jennifer, le deuxième était une enquête aux accents de thriller horrifique. Pour le troisième opus, celui qui ouvre ce deuxième volume de l'intégrale (vous suivez toujours ?), Clavel nous plonge une nouvelle fois dans une enquête. Mais, cette fois, celle-ci est plus tournée vers l'action. Le quatrième roman, quant à lui, propose des solutions aux problèmes des protagonistes. Enfin, l'épilogue apporte des réponses.
Eh oui, les solutions dont on parlait avant ne prenaient pas la forme de réponses. C'est seulement à la toute fin que l'on a de véritables explications, que les éclaircissements arrivent. Certains étaient espérés depuis le premier roman, d'autres sont totalement inattendus (on ne se posait peut-être même pas la question correspondante à vrai dire, pourtant les découvrir est un moment de plaisir évident), quelques unes sont drôles. Le twist introduit dans cette conclusion est très bien vu. Il déplace totalement le centre de gravité de l'histoire. Tout tournait autour d'un objectif principal et l'auteur parvient à le transformer, à en faire quelque chose d'autre sans que l'on ait réellement pu l'anticiper (en tout cas pas dans ces proportions). Et être pris à contre-pied de cette façon est très agréable.
Cette deuxième intégrale était aussi l'occasion de découvrir les derniers membres de l'Hepta, la confrérie d'Immortels à laquelle les personnages principaux appartiennent. Ceux-ci sont une nouvelle fois réussis. Mention spéciale à Keszhiv, personnage à la fois sensuel et ambigu. Leonidas, lui, est un peu plus convenu. Décidément, Clavel est plus à l'aise avec les personnalités compliquées. Cela se remarque d'ailleurs aussi quand il confronte certains de ses protagonistes les plus rigides, comme Ezechiel et Haeres, à des situations inattendues. Ceux-ci gagnent immédiatement en profondeur et en subtilité. On se dit tout de suite que la simplicité (ou la facilité) ne leur allait pas et on est bien content qu'il leur arrive quelques malheurs pour les bousculer, les faire vaciller et finalement les faire se dévoiler. Serait-ce un peu cruel ? En tout cas, nous ne le serons pas avec le cycle tant l'érudition de l'auteur est, une nouvelle fois, séduisante. Clavel s'est bien documenté et l'histoire des villes qui accueillent les pérégrinations de ses Immortels (Rome et Londres cette fois) sert admirablement l'intrigue. Et que dire de ce jeu d'intertextualité qui est encore une fois admirablement mis en avant. Dans l'intégrale précédente cela avait bien fonctionné avec Le Château de Barbe Bleue, cette fois, l'utilisation de L'Enéide et de La Divine Comédie de Dante met bien en valeur le travail du romancier.
En plus d'avoir de la fantasy urbaine entraînante avec une fin maline, nous avons donc un livre intelligent. Bonne pioche !
— Atanaheim