Ah, Stan Nicholls !
A l'arrivée de ses romans en France, nous avions voulu croire au fameux argument "Vous allez voir, enfin un roman du point de vue des Orcs !" Résultat, de l'heroïc fantasy poussive où les orcs en question auraient pu être remplacés par n'importe quelle bande de mercenaires ostracisés. L'illusion avait fait long feu. Le pire étant bien sûr que l'auteur ait remis le couvert encore et encore.
On se demande tout de même comment il peut encore arriver ici à tromper son monde quand on voit certains parler de "nouvelle vision du genre". Faire de "nobles" chevaliers des ennemis de nos héros ne change rien à l'affaire. Et le support bande dessinée n'apporte rien de neuf lui non plus. Pour l'anecdote, c'est apparemment Joann Sfar qui est à l'origine de ce comics en ayant recommandé les romans de Stan Nicholls à l'éditeur original de cette BD. On a connu le créateur de L'homme-arbre plus inspiré !
Car le scénario de ce qui s'avère une préquelle aux romans se contente d'empiler les poncifs du genre avec une constance qui frise l'indigestion. Malgré une longueur dépassant largement le format habituel et justifiant ainsi un prix dépassant les 20 euros, l'auteur ne semble jamais à l'aise avec le support bande dessinée. Ses personnages peinent à exister. Le récit manque cruellement de rythme, plombé par une narration qui souligne outrageusement les faits et grossit le trait en permanence. Qui plus est, l'histoire elle-même n'a rien de bien passionnant à offrir, thématiquement parlant.
La seule chose qui sorte quelque peu de l'ordinaire, c'est bien le trait de John Flood, qui insuffle enfin un peu de personnalité à l'ensemble. Les scènes de bataille profitent du dynamisme de son trait, efficace. Enfin les personnages et l'univers lui-même semblent s'animer au détour de certaines planches. C'est appréciable et l'artiste ne démérite pas, loin de là. Mais à moins de rechercher uniquement de l'action et toujours plus d'action, difficile de passer outre les défauts et les ratés de la BD en elle-même.
Forgés pour la guerre, sans doute... Mais surtout pour l'ennui. Même en admettant que vous cherchiez simplement à vous "vider la tête", passez donc votre chemin. Il n'y a vraiment pas de quoi se laisser tenter et surtout ouvrir son portefeuille. Si vous nous faites un brin confiance, croyez-nous sur parole.
— Gillossen