Pas de miracle à attendre de Straken.
Terry Brooks conclut une énième trilogie sans saveur, sans odeur. Tout sonne faux, à l'image d'une conclusion précipitée que n'importe quel lecteur un peu dégourdi devine immédiatement. On ne vibre jamais pour les personnages, on ne se soucie pas de leur sort et on se demande même au final si l'auteur lui-même s'en soucie vraiment.
Depuis ses débuts, le monde de Shannara n'est certes qu'une pâle resucée des créations de J.R.R. Tolkien. Mais Brooks avait tout de même su faire évoluer ce terreau de départ, modestement, souvent maladroitement, en conservant en tout cas un certain sens de l'émerveillement, une naïveté chez ses personnages principaux qui pouvait agacer tout comme aider à supporter des intrigues molles et répétitives. Mais comment défendre ce qui s'apparente pour le coup réellement à un travail de commande ?
Cette fois, le feu sacré a de toute évidence quitté un auteur prisonnier de trilogies qui se succèdent sans répit, lui laissant apparemment à peine le temps d'emballer la marchandise avant de l'expédier, mais certainement pas de vérifier son contenu.
Le fil de l'intrigue est toujours loin de couler de source alors que le récit s'enlise, les personnages ne se seront jamais étoffés en trois tomes, simples pantins amorphes utilisés par un marionnettiste fatigué, et Terry Brooks lui-même n'hésite pas à emprunter tous les raccourcis qui se présentent devant lui. Pour mieux se débarrasser de cette conclusion à oublier très vite ? On avait pourtant cru noter précédemment une envie de ne plus se montrer aussi manichéen, prévisible... Aurait-il baissé les bras ? A partir de là, à quoi bon continuer de notre côté ?
Effectivement...
— Gillossen