Sara Douglass nous a quittés en septembre dernier, des suites d'un cancer, à 54 ans à peine. Évidemment, on ne peut que regretter de voir partir quelqu'un si jeune, en particulier en recevant l'un de ses livres quelques jours plus tard (Oui, cette chronique a quelque peu tardé...). Mais le mieux que nous puissions faire, c'est sans doute de continuer à juger ses romans avec la même rigueur.
Quitte donc à taper fort. Car dans cette suite au Rédempteur, premier tome de cette nouvelle trilogie faisant suite aux aventures d'Axis, il apparaît bien vite que l'auteur n'a malheureusement corrigé aucun des défauts pointés du doigt précédemment. Pire, la plupart apparaissent même encore plus présents au fil de l'intrigue ! Dès lors, c'est une frustration certaine qui nous étreint peu à peu, avant de céder la place à l'abattement.
Pourtant, nous aurions dû nous méfier avant même d'avoir lu une seule ligne de ce roman traduit à quatre mains. Ah, cette couverture aux tons pastels, avec ses chevaux volants, cette héroïne visiblement en nuisette, ses grosses épées... Non, franchement, ce pauvre Azhure et ses camarades ne méritaient pas ça. Cela dit, à l'image de cette illustration, Sara Douglass s'est rarement montrée subtile dans ses écrits, il suffit pour cela de se souvenir de l'histoire d'amour contrariée entre Faraday et Axis.
Malheureusement, ce Pèlerin tombe plus d'une fois dans l'inconsistance. Des personnages au caractère bien établi semblent flirter avec le changement de personnalité au détriment de toute logique, d'autres figures s'enlisent dans ses relations vaudevillesques et l'auteur n'hésite pas à sauter à pieds joints dans le loufoque, avec son armée d'animaux de ferme (Ah, cette scène avec un mouton au rictus sauvage...) habités par le Mal. Jusqu'à présent, Sara Douglass pouvait encore s'en sortir grâce à un certain sens des rebondissements et une plume passable.
Ici, il faut bien avouer que le roman n'est plus qu'une lecture décevante devenue une sorte de plaisir coupable digne d'un soap, qui ne vaut finalement que par ses révélations concernant l'univers développé par l'auteur, qui, lui non plus, ne méritait pas cela. Au point que l'on se demande parfois si Sara Douglass n'a pas tout bonnement manqué de recul concernant certains aspects de son intrigue tout de même nettement mieux maîtrisés dans sa première trilogie.
Et tant pis si la conclusion du roman, typique du deuxième acte d'une trilogie, nous permet de conclure ce tome sur une bonne note. Notre intérêt s'était étiolé depuis longtemps déjà...
— Gillossen