Avec son nouveau roman, Pierre Pevel persiste dans une fantasy teintée de roman historique, et ce parfois assez fortement selon les domaines concernés par telle ou telle information.
Les mousquetaires ont souvent eu les honneurs d'œuvres romanesques depuis Alexandre Dumas, avec tout aussi souvent les gardes du cardinal toujours prêts à revêtir la casaque du mauvais rôle.
C'est donc déjà un certain changement qu'instaure là l'auteur, avec pour point de départ la reformation du corps le plus célèbre de ces gardes, les Lames. Et il faut bien dire qu'on y croit. Pevel a su retrouver tout le sel de romans prenant pour cadre cette période, que l'on se place du point du point des descriptions ou des dialogues, clairs et vifs.
Sans parler bien entendu des intrigues (le pluriel est de rigueur !), avec retournements de situation et trahisons comme s'il en pleuvait. Difficile donc de savoir sur quel pied danser et à qui faire confiance pour notre groupe de bretteurs au service du cardinal, mais aux illusions depuis longtemps disparues...
L'auteur lève le voile sur certains mystères petit à petit, nous surprenant souvent, mais du fait de leur importance, le bémol du roman se situe là : son premier tiers, tout particulièrement, manque un peu de rythme. Nombreux personnages, changement fréquent de point de vue, fils du récit loin d'être réunis (ce qui est par ailleurs logique)... Un sentiment mitigé nous envahit, et ce d'autant plus si la comparaison avec les aventures de Kantz nous vient malgré nous.
On aurait bien aimé exprimer notre opinion sur ce roman sans songer à sa trilogie, mais le fait est qu'en faire une totale abstraction est ardu. Puis, peu à peu, les choses prennent tournure, et qu'il s'agisse de personnages (aussi gouailleurs que ténébreux) ou de l'univers, avec ses règles propres et son usage parcimonieux des usages magiques sachant rester particulièrement respectueux de son cadre, et le roman finit par produire son effet.
Avant de nous livrer un dernier tiers particulièrement relevé, où il est grand temps de passer à l'action mais sans oublier la réflexion, et bien entendu, ce qu'il faut de romance impossible et de vengeance, un plat qui se mange toujours aussi froid.
Quoi qu'il en soit, avec de telles dernières lignes, comment ne pas vouloir se jeter sur la suite au plus vite ?
— Gillossen