Il y a des livres qu'on sait que l'on va aimer avant même de les commencer. C'était le cas avec Scar Night (qui en passant, peut se suffire à lui-même et n'impose pas de lire la suite). Mais quand l'auteur prend la peine d'écrire une suite, c'est donc au moins avec curiosité, voire avec envie que l'on s'attelle au livre.
L'un des « regrets » que l'on pouvait avoir à la lecture de Scar Night, c'était la relative simplicité du fil narratif, qui n'impliquait au final que peu de personnages (même si tous étaient très intéressants à suivre) et de lieux différents. Regret très relatif car Alan Campbell compensait habilement par de véritables brassées d'idées originales et passionnantes. Avec Iron Angel, l'auteur explose littéralement ses précédentes limites : protagonistes, géographie, événements. Tout a plus d'ampleur, tout est plus grand, sans pour autant oublier les points forts du premier tome.
Enchaînant directement après la fin du précédent tome, le lecteur n'a pas le temps de se reposer qu'il se trouve face à un conflit immense secouant l'enfer. Celui-ci menace de se répandre sur le monde des humains et de tout annihiler sur son passage. Déjà vu ? Pas si sûr, car dans un monde où les portes du paradis sont fermées depuis bien longtemps, il n'y a pas de jeune orphelin pour sauver l'humanité à la fin de l'histoire. Au contraire, tous les protagonistes, anciens comme nouveaux, n'hésitent pas à s'accaparer la moindre étincelle de pouvoir pour eux-mêmes. Et si au final la plupart se retrouvent alliés, c'est plus par instinct de survie que par philanthropie. Et pourtant, Alan Campbell réussit le tour de force de nous faire aimer cette engeance, de nous donner envie de les voir s'en sortir (alors qu'en tout honnêteté ils ne le méritent pas plus que leur adversaire).
Le récit, quant à lui, peut être divisé en trois grosses parties. Une première qui reprend des personnages que l'on connaît déjà, permettant ainsi une plongée rapide dans l'intrigue. La seconde explore plus en détail l'enfer, prenant le temps d'enrichir l'univers créé et d'y intégrer de nouveaux personnages, le tout de manière assez nerveuse. Cet entrelacs de fils nous conduit finalement à une troisième partie regroupant les différents protagonistes, avec plus de tension et une bataille clairement épique en guise de conclusion et de cliffhanger. La construction bien que classique, n'en reste pas moins très efficace et addictive et produit au final un tome 2 qui évite de tomber dans les travers du tome de transition.
Si on comparait Alan Campbell à Mervyn Peake dans Scar Night par l'ambiance assez confinée qu'il donnait à son récit, cette suite le révèle comme un écrivain voisin de China Miéville : les bonnes idées sont foison, les codes du steampunk et de l'épique intelligemment mélangés, sans oublier un scénario prenant. Cerise sur le gâteau, les personnages ont tous ce petit quelque chose qui vous pousse à la lecture pour découvrir ce qui va leur arriver, le tout servi par des dialogues savoureux. Une très bonne surprise !
— Luigi