Si on faisait un état des lieux de la fantasy urbaine en France, il ne serait pas très flatteur : entre les séries en pauses (Les Dossiers Dresden, Félix Castor, Nightside) et les séries chez les éditeurs en pause (Twenty Palace Society, Matthew Swift, Marla Mason, Carl Leandros et Charlie Madigan), force est de constater que le genre ne remporte pas l’adhésion du public. Et c’est bien dommage… Car moi, la fantasy urbaine, j’adore ça.
Nouveau venu, Ben Aaronovitch a très rapidement fait parler de lui outre-Manche avec la parution rapide chez Gollancz des trois premiers tomes du Dernier apprenti-sorcier. Et cette fois, ce n’est ni Bragelonne, ni Éclipse qui s’occupent de la traduction française puisque c’est au tour de la collection Nouveaux Millénaires de J’ai lu de s’essayer à la grande sœur – moins mièvre – de la bit-lit. Souhaitons-lui de réussir là où ses concurrents ont échoué.
Londres aime bien la fantasy urbaine. La capitale anglaise, qui abritait déjà de nombreuses séries, est une nouvelle fois bouleversée par d’étranges évènements paranormaux. Pour Peter Grant, c’est une aubaine. Promis à un service administratif de la police, il est recruté par un vieux magicien pour devenir son apprenti. Rien que ça. Sauf qu’il n’a pas vraiment le temps d’apprendre à concurrencer Harry Potter dans son domaine de prédilection que le voilà plongé dans une sombre enquête. Partout dans la ville, des gens sont en proie à des crises de rage qui les poussent à tuer violemment, pour un oui ou pour un non, leurs congénères. Pour Peter, la semaine va être chargée : à peine a-t-il pris connaissance de l’existence d’un monde fantastique qu’il doit se confronter à la pire menace qu’ait connue Londres depuis longtemps. Heureusement, pour l’aider dans sa quête, il aura à ses côtés son maître, l’énigmatique Nightingale, la jolie inspectrice Lesley May, et quelques autres personnages tout aussi savoureux que je vous laisserai le loisir de découvrir.
Dernièrement, Kate Griffin nous avait déjà bluffés en mélangeant habilement la « fantasy » à la « ville » dans la série des Matthew Swift. Ben Aaranovitch finit de nous convaincre – si besoin en était – que Londres est un cadre qui réussit vraiment bien au genre. On citera, sans rien gâcher, la Tamise, théâtre d’une véritable lutte intestine (!) pour sa possession…
Finalement, la magie provient plutôt des références multiples à la culture anglaise (Doctor Who, Monthy Python, etc.) et à l’humour omniprésent que du traitement classique – mais intéressant – de la magie elle-même. Une page, pas plus, c’est ce qu’il vous faudra pour savoir si cette série est faite pour vous. Si vous êtes allergique à l’humour anglais, n’y allez même pas, dans le cas contraire, foncez ! D’ailleurs, une fois le roman terminé, je n’ai pas pu m’empêcher d’imaginer ce que pourrait donner une adaptation télévisuelle si elle était confiée à un Russell T. Davies ou un Steven Moffat. Quelque chose de sensass à n’en pas douter.
Bourré de bonnes idées, de références et d’humour, Les Rivières de Londres débute une série que l’on aimerait longue et profuse – en Angleterre comme en France ! Un nouveau classique du genre, qui plaira énormément aux amateurs de la culture anglaise télévisuelle qui déferle actuellement sur la France (Doctor Who, Torchwood, Sherlock, etc.).
— Zedd