Lorsqu'en débutant ce second tome de l'Héritage de Shannara, on réalise que l'on ne se souvient quasiment de rien concernant le premier, voilà qui est déjà plutôt inquiétant. Et si Les Descendants de Shannara n'avait rien d'un roman mémorable, il en est de même avec sa suite. Il n'y a donc pas grand chose à en dire que l'on ne sache déjà à propos de Terry Brooks et sa formule bien établie de livre en livre.
Si l'auteur du déjà plus réjouissant Royaume magique à vendre essaie bien de corser un peu les choses avec l'introduction d'un personnage tel qu'un tueur à gages, on n'y gagne cependant pas grand chose, et en tout cas, bien peu de vagues. Pourtant, un Walker Boh semble se prêter tout particulièrement à une évolution douce-amère, que le début du roman confirme en partie. Il s'impose rapidement comme la figure la plus intéressante et la plus complexe de tous les protagonistes, réunis en classique groupe d'aventuriers avec une certaine paresse. Notons également Carisman, l'étrange compositeur au destin tout aussi tortueux.
Mais s'il était question de paresse ci-dessus, c'est donc bien avant tout au niveau de l'intrigue, Brooks visiblement disposé à ce sujet à beaucoup moins d'efforts. L'auteur enchaîne les rebondissements convenus quand ils ne sont pas éculés (ah, la libération des naines par Morgan Léah...) et n'hésite pas tout simplement à délayer le peu de suspense établi. Il faut bien en garder pour tenir 4 tomes !
Pour le reste, comme d'habitude, rien de bien remarquable... Le roman, à peine plus de 300 pages pour 22€ se lit toujours assez vite, bien que le lecteur soit parfois tenté de sauter un paragraphe ici ou là, et les maladresses sont toujours présentes. Difficile par exemple de proposer un personnage plus creux que Force Vitale, dont le nom homonyme à sa nature est déjà la preuve d'un manque criant d'imagination... Ou un ennemi censément redoutable nommé Râteau... Bien sûr, on peut sourire de certaines appellations à majuscules utilisées en Fantasy, mais au moins offrent-ils une perspective un peu plus ambitieuse.
Et au-delà des détails, c'est bien une manque criant d'ambition qui balise chaque étape de cette histoire, rejouant la même partition fatiguée encore et encore... De la fantasy épique qui semble sortie d'un autre âge, malgré quelques efforts, notamment sur les trente dernières pages. Mais ça semble encore bien peu.
— Gillossen