Paru il y a quelques mois à peine de l'autre côté de l'Atlantique, Le Fils de l'Ombre est un nouvel avatar de cette fantasy en vogue mettant en vedette assassin et/ou voleur. Les éditions Bragelonne le bombardent même comme successeur, façon de parler bien sûr, de Brent Weeks.
Le roman est court - 350 pages environ, avalées en une poignée d'heures à peine, nerveux, et livre une partie des réponses aux enjeux mis en place et soulevés sans demander aux lecteurs d'attendre le troisième et dernier tome de ce qui est d'ores et déjà présenté comme une trilogie de plus, tout en ménageant malgré tout un certain suspense pour la suite.
Rapidement, on se rend compte que si le roman est parfait comme lecture de pure détente, une certaine sympathie se dégageant de son intrigue ou son personnage principal au bout de quelques chapitres voire de quelques pages, il ne faut pas espérer en retirer grand-chose d'autre. Les personnages sont bien dessinés, mais n'évoluent pas d'un pouce entre leur première et leur dernière apparition. Leurs relations sont souvent franchement clichés en diable (la jeune fille que le héros enlève est évidemment d'une beauté à couper le souffle, les méchants sont très méchants...). Certaines coïncidences, à mesure que l'on avance dans le roman, sont décidément difficiles à avaler même si leur agencement se tient bien, la plupart du temps en tout cas.
En fait, comparé à l'Ange de la Nuit de Brent Weeks, ce premier tome manque d'ampleur, de souffle, et ce, même si le récit implique un Empire. C'est l'arrière-plan tout entier qui manque de consistance et de densité. Et si l'on doit aussi le comparer à Sanderson, alors cette fois le roman n'a pas l'étincelle, l'idée qui lui permettrait de changer de catégorie.
Bref, un roman très plaisant, qui se lit tout seul (il faut dire que si son style est avant tout dynamique, l'auteur ne crache pas sur quelques ambiances joliment mises en scène), et qui se suit comme une bonne série B bien calibrée.
Rien de plus, mais rien de moins.
— Gillossen