L’une des sensations de l’année 2007 outre-Atlantique débarque donc en France en ce début d’année 2008, chez Gallimard Jeunesse, un choix de collection peut-être trompeur, quand bien même s’agit-il d’une bande dessinée au graphisme plutôt rond mettant en scène des souris.
Car l’histoire brossée par David Petersen n’a parfois, pour ne pas dire jamais, rien d’enfantin. On ne se cache pas derrière des écrans de fumée ou de l’humour de bas étage pour dissimuler certaines choses qui seraient prétendument trop dures. L’auteur a su séduire petits et grands par son approche, mais surtout les grands, pourrait-on dire cette fois.
La fantasy animalière est pleinement à l’honneur ici, avec une histoire uniquement centrée sur le monde des souris, ce qui permet de le distinguer d’autres séries de ce type qui brassent plus facilement de multiples animaux de la forêt. Passionnant de bout en bout, reposant sur des archétypes forts utilisés à bon escient et qui sont même en mesure de vous arracher des frissons au détour de certaines cases – si, si ! – on comprend aisément pourquoi Mouse Guard, de son titre anglais, est devenu un véritable petit phénomène.
Les dessins, portés par une colorisation très automnale, évidemment, possèdent une touche tout à fait personnelle qui ne rend que plus attachants nos personnages principaux, ou bien la formidable forteresse de Lockhaven cachée sous le lierre, sans compter qu'ils sont rehaussés par d'abondantes petites touches renforçant le caractère médiéval de cette mise en images, comme une légende en parchemin enluminé qui vient marquer une halte dans le récit…
Là encore, nous avons droit à une magnifique objet BD, pour cette édition qui réunit en fait les six numéros originaux qui formaient cette histoire, aussi émouvante qu’amère. Saluons là le travail de Gallimard Jeunesse, qui nous propose un ouvrage des plus aboutis – couverture cartonnée, traduction soignée, respect des bonus proposés… - pour moins de vingt euros.
Une perle de ce début d’année 2008 !
— Gillossen