Alex Alice se sera fait attendre... Mais cela en valait la peine ! En attendant le prochain, qui s'intitulera Le Crépuscule des Dieux, l'auteur nous livre sa vision, toujours nourrie aux sources du mythe tout en sachant lui apporter sa propre musicalité.
L'essentiel de l'album étonne par la simplicité de sa trame. De même, la relation entre le jeune héros et Mime n'évolue guère, servant avant tout de ressort souvent comique, de la première à la dernière planche. Le projet garde là un côté film d'animation grand public dans la gestion de leurs interactions aux mécanismes bien rodées mais sans surprise.
Mais il faut bien évidemment considérer cette histoire dans son ensemble, et notamment tout ce qui concerne le panthéon nordique, aux développements une fois de plus aboutis. Difficile de nier que l'intérêt se fait croissant au fil des pages, nous laissant ainsi sur notre faim malgré la richesse de l'album. D'autant que la symbolique et la puissance du poids du mythe sont également de la partie, subtilement amenées ou pesées, si un autre niveau de lecture vous intrigue, au-delà des seules apparences.
Une richesse que l'on retrouve bien entendu également dans les dessins, avec ces paysages à couper le souffle, ses personnages nobles ou inquiétants comme nuls autres... Que dire que l'on ait pas déjà écrit à ce sujet ? Alice réussit à nous transporter littéralement dans un autre monde, à travers certaines planches littéralement étourdissantes, enivrantes, le tout dans un élan de pureté et de fluidité qui laisse parfois pantois, plus sûr que jamais dans son trait. Certaines idées de mise en scène, qu'elles servent l'ingrédient du spectaculaire ou pas, de même que le soin apporté aux couleurs, nous ravissent tout autant.
Avec ce deuxième album, l'auteur confirme qu'il tient là un vrai sujet, un sujet en or serait-on même tenté de dire, en espérant qu'il puisse continuer sur cette même lancée. En tous les cas, si vous aviez apprécié l'entrée en matière, cette suite n'a aucune raison de vous décevoir, au contraire.
— Gillossen