Sous un titre bien plus évocateur que l'original, le roman de S.A Swann constitue l'une de ces sorties que l'on n'attend pas forcément et qui, finalement, en quelques pages, séduisent le lecteur.
Il faut dire que le cadre, déjà, en pleine Roumanie du Moyen-Âge, se révèle plutôt original, et exploité sans surenchère. On est rapidement plongé dans cette région oppressée par l'Église sans que l'auteur s'appesantisse pour autant sur ces éléments au point de vouloir verser dans la reconstitution purement historique.
Swann bénéficie également d'un style direct et efficace, agrémenté de temps à autre de quelques jolies images. Ce qui ne nous épargne pour autant quelques maladresses, à parts égales. Difficile après tout de se montrer inspiré de bout en bout...
S'il fallait continuer à évoquer, brièvement, les défauts du roman, il faut bien avouer que certains points de l'intrigue sont tout simplement cousus de fil blanc et se devinent, ou plutôt se reniflent, dans le cas présent, à des lieues à la ronde. Dommage ! Il s'agit, évidemment, serait-on tenté de dire, de ce qui touche généralement aux aspects "romantiques" de l'histoire. Une certaine émotion n'est pas impossible, mais mieux vaut ne pas avoir totalement coupé les ponts avec son côté fleur bleue !
Toutefois, difficile aussi de ne pas se laisser prendre au jeu de l'histoire de ces créatures et de leurs maîtres, tout comme par le sens de la mise en scène de l'auteur. Plusieurs scènes sont purement jouissives, instinctives, animales précisément. Quand d'autres sonnent là encore comme des passages obligés.
Si l'on ressort malgré tout avec l'impression d'avoir passé un bon moment de lecture, c'est aussi grâce aux personnages. Si, là encore, certains n'évitent que de peu de tomber dans la caricature, et encore, d'autres s'avèrent nettement plus consistants, à commencer par Lilly bien sûr et la famille du jeune Udolf. Des seconds rôles, comme le sergent Günter, apportent également un autre point de vue.
Au final, nous avons donc affaire à un roman agréable, qui ne renonce pas d'ailleurs à une certaine noirceur, mais qui choisit très rapidement l'espoir plutôt qu'une ambiance réellement crépusculaire. Restent donc un récit enlevé et un cadre plus original que la moyenne, peuplé de personnages au cœur d'un véritable tourbillon d'émotion et de dilemmes.
A noter que le roman se lit comme un one-shot, même si, depuis, l'auteur a publié Wolf's Cross, qui n'est pas une suite directe mais exploite le même univers.
— Gillossen