Après un deuxième tome quelque peu décevant, voici venu le temps de conclure cette trilogie. L'auteur saura-t-il donc la finir sur une bonne note, à défaut de nous avoir totalement comblé ?
Oui et non. Commençons par le positif. Ce troisième et dernier volume est nettement plus passionnant que le deuxième et on retrouve pour l'occasion une bonne part du suspense généré par le premier, même si l'aspect Comte de Monte Cristo des choses est désormais totalement derrière nous (logiquement cela dit). Mais, l'auteur a su rebondir.
Il ne reste donc qu'à toute cette intrigue autour du destin des dragons, de leur magie, et de comment les mettre en échec définitivement, à prendre ici tout son sens, et à donner au lecteur l'envie de découvrir le pourquoi du comment et inversement. Les relations entre les personnages principaux, notamment entre Arlian et Noir, son fidèle "serviteur", acquièrent une nouvelle dimension, en partie grâce au resserrement du récit et de l'approche de son dénouement, bien entendu. De quoi donc contribuer à faire disparaître une bonne partie de nos réserves précédemment renouvelées.
Malheureusement, mais de manière fort naturelle, tout n'est pas parfait pour autant, y compris dans les mécanismes propres à cette intrigue. Si Watt-Evans développe des idées intrigantes, voire des concepts existants, l'auteur fait également preuve d'une certaine tendance à friser la contradiction, non sans pouvoir pourtant compter sur de longs exposés narratifs, à la nature par trop évidente...
Malgré les années, du moins, dans le contexte de la trilogie, Arlian demeure aussi de son côté un personnage principal en demi-teinte, complexe et à la fois souvent naïf, plongé dans des réflexions pré-mâchées par son créateur qui ne risque pas de le mettre en valeur.
Au final, dans sa globalité, l'amateur de fantasy épique se retrouve devant une trilogie de bonne facture, avec de bonnes idées et sachant éviter les longueurs, mais tout en demeurant quelque peu plate et ne cherchant visiblement jamais à élever son propos.
On aurait bien aimé que Lawrence Watt-Evans pousse un peu plus loin ses objectifs à travers ces trois romans, y compris dans le cadre de ce Venin du dragon, qui évite, cela dit, de verser dans l'amertume !
— Gillossen