Saluons tout d'abord les efforts de Pygmalion pour nous proposer une parution française avec un décalage minimal par rapport à la version originale, parue également cette année chez nos camarades d'outre-Manche.
Et, au passage, voici encore l'un des candidats auto-proclamés (ou du moins, vendus comme tel par ces différents éditeurs...) au titre de sensation de l'année. Et il faut avouer que pour un premier roman, Stephen Deas ne manque pas de panache, sans pour autant signer un coup de maître.
On retrouve en tout cas la plupart des caractéristiques des ouvrages à la mode depuis quelques années : des chapitres courts et nerveux, des intrigues nombreuses, des personnages adeptes des niveaux de gris plutôt que du manichéisme... En plus, l'auteur se permet de remettre une fois de plus les dragons au centre de son intrigue, mais en y apportant une véritable touche personnelle. Dès lors, que demander de plus ?
Peut-être des personnages que l'on apprécie plus facilement, sans parler de les aimer vraiment. Mais il faut tout de même pouvoir s'y attacher un minimum, ce qui n'est pas toujours le cas ici, où tout le monde, ou presque, semble à couteaux tirés, voire prêt à toutes les bassesses. Peut-être la faute aussi à un ancrage pas assez travaillé dans un univers qui aurait sans doute gagné à se dévoiler un peu plus dès ce premier tome, sans donner l'impression d'être gardé en réserve pour plus tard. Certains éléments de l'ensemble auraient donc pu et même dû être améliorés, car ces manques sont d'autant plus regrettables que le roman reste de fort bonne tenue.
Le roman de Stephen Deas se révèle en effet plein de bonnes idées, souvent trépidant, et porté par une écriture sèche et nerveuse, qui ferait même oublier à quel point certains méchants sont souvent à la limite d'un comportement grand-guignolesque, pour ne pas dire plus.
Mais si vous cherchez un ouvrage fun et malgré tout souvent plus complexe qu'il n'y paraît une fois mis de côté ses rebondissements servant souvent d'écran de fumée, le tout relevé d'une pointe d'humour noir, Le Palais adamantin pourrait bien représenter le roman qu'il vous faut.
Ne l'oublions donc pas à l'heure des bilans de fin d'année.
— Gillossen